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à Saint-Étienne, il faut noter les calamités dont les fûts, rayés de minces cannelures, s’élevaient nus et simples, évidés à l’intérieur, réduits à des parois d’une épaisseur à peine sensible, mais résistantes par suite de la silice qui les encroûtait. Un remplissage postérieur a assuré leur conservation par le moulage exact de la cavité cylindrique intérieure. Ailleurs, on a découvert un véritable bois de psaronius, qui représentent des troncs de fougères arborescentes. Leurs tiges charbonnées laissent entrevoir, en traversant la roche, la trace des innombrables radicules adventives qui garnissaient le pourtour de la souche le long de laquelle elles prenaient naissance, incessamment émises, les nouvelles venant de plus haut et recouvrant toujours les anciennes.

Ces scènes tranquilles, dérobées aux paysages de l’époque, ne sont pas les seules que l’on ait saisies aux environs de Saint-Étienne. D’autres pages de la même chronique ont été lues par M. Grand’Eury. Sur quelques points, les eaux, agissant à la façon des courans, ont charrié des tronçons de tiges, surtout de cordaïtées, associés à des débris de toute provenance, mêlés dans le plus grand désordre et couchés horizontalement à la base d’une assise. On constate là l’effet immédiat de la violence des eaux au moment où elles débordaient en balayant sur le sol tous les objets laissés à leur portée et les déposant pêle-mêle avant de les recouvrir d’un manteau détritique.


VI.

Les phénomènes qui viennent d’être signalés et dont les bassins carbonifères ont gardé des vestiges incontestables, correspondaient aux intervalles de temps pendant lesquels la houille cessait de se former. Quelquefois, sous l’influence d’un faible apport limoneux, il pouvait s’établir une sorte de compromis entre les deux catégories de dépôts, et la production de la houille, au lieu de s’interrompre, s’atténuait en se combinant avec la sédimentation marno-sableuse, trop peu abondante par elle-même pour neutraliser l’action des résidus charbonneux. Ce sont alors des schistes bitumineux qui ont pris naissance, et dans ces schistes la houille qui les colore plus ou moins ne se montre qu’à l’état d’indice et dans une proportion trop réduite pour être l’objet d’une recherche industrielle. Les feuillets sont cependant très riches en empreintes végétales. Leur examen fait comprendre que, lors de leur dépôt, le procédé auquel on doit la houille était en activité avec ses élémens essentiels toujours prêts à entrer en jeu. Ce qui le prouve, c’est qu’on observe les divers degrés qui mènent d’un lit purement schisteux à la houille proprement