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Depuis la publication du rapport sur l’exercice 1877, il n’est pas douteux que la distribution d’eaux, la construction d’égouts, l’éclairage des villes, n’aient fait de grands progrès. Lorsque, dans la période de 1870 à 1877, 262 communes avaient ajouté 404,000 mètres cubes d’eaux aux distributions antérieures, dont 90,000 pour Paris, lorsque 343 kilomètres d’égouts nouveaux avaient été creusés dans ce même laps de temps, il demeure évident que, quels que soient les nouveaux efforts faits depuis cette dernière date, de bien grands besoins sont encore à satisfaire. L’éclairage public, dans cette avant-dernière période, s’était aussi accru d’un sixième. Quoiqu’il en soit de l’augmentation dont les quatre dernières années aient pu profiter, d’autres progrès deviennent nécessaires. Sans parler du chemin de fer métropolitain de la ville de Paris, toujours en projet, ni de l’écoulement de ses eaux vannes dans la forêt de Saint-Germain, que la plus stricte équité condamne, ni du creusement d’un canal spécial se continuant jusqu’à la mer, non plus que des travaux d’égouts et de distribution d’eaux à aller prendre jusqu’à la Loire, toutes entreprises gigantesques, pour lesquelles notre capitale aurait à contracter un emprunt de plusieurs centaines de millions, quelle ville jouissant d’un revenu suffisant, quelle simple commune même, placée dans une certaine sphère d’activité, ne réclame le moyen, le pouvoir de s’éclairer, de s’assainir, de s’arroser ? Qui de nous ne peut témoigner de l’immensité de l’œuvre à accomplir ? Aux portes de la capitale même, le chef-Heu d’un grand département, la ville historique par excellence, Versailles, ne reçoit que des eaux insalubres, lorsqu’à côté d’elle la Compagnie générale des eaux de la ville de Paris distribue l’eau de la Seine prise avant Paris, par conséquent potable et claire. Pourquoi donc cette même grande ville, qui contracte des emprunts pour étendre l’hôtel de la mairie et dépense une forte somme afin d’établir un tir national, n’emprunte-t-elle pas aussi la somme nécessaire à la distribution d’eaux salubres ? Il faudra pourtant bien s’y résoudre, comme il faudra partout désinfecter et éclairer.

Depuis nombre d’années, et grâce à un effort immense, les chemins vicinaux réunissent toutes les localités grandes et petites : mais ce mode de viabilité ne suffit pas aujourd’hui, on rêve partout des rapprochemens rapides au moyen des voies de fer, des chemins sur routes, des tramways : et surtout on veut chez soi, dans l’intérieur de sa propre commune, avoir de la lumière, de l’eau et des égouts. Nous ne sommes pas suspects, à coup sûr, d’avoir médit de l’emploi des capitaux français à l’étranger, et, dans nos recherches antérieures sur la propagation des instrumens du progrès matériel, d’avoir affirmé que notre pays devait se renfermer en ses limites naturelles : cependant