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dépassaient 19 millions, représentant 8 1/2 pour 100 des recettes totales de ces établissemens.

Après avoir relevé ces chiffres satisfaisans, l’auteur du rapport ajoutait que les futures statistiques présenteraient un notable accroissement des dépenses et des recettes communales, mais qu’il importait surtout d’examiner l’emploi qui en aurait été fait. « Le travail et le progrès, disait-il, sont la loi de l’humanité, et l’on ne saurait interdire aux villes d’assainir leurs quartiers infects, d’établir des égouts, du gaz, d’amener de l’eau, de construire assez d’écoles pour contenir tous les enfans : c’est une question de mesure. » La mesure a-t-elle été observée ? Nous avons déjà dit que nous ne pouvions dégager des dernières statistiques faites, ni des documens publiés, le chiffre entier des dépenses communales, et par conséquent établir entre les résultats acquis et ceux qu’il reste à obtenir une proportion rassurante ou non pour l’avenir : mais, a priori, en faisant ressortir sur quelques points seulement les dispositions des masses, leurs besoins, les engagemens du pouvoir, les entraînemens de passions sans cesse aiguisées, il sera facile de prévoir les augmentations certaines de dépenses dont l’excès peut devenir un péril.

Trois dépenses doivent surtout fixer l’attention : celles qui ont pour objet ce qu’on peut appeler l’hygiène publique, celles qui se rapportent à l’instruction, enfin celles qui visent l’assistance que chaque agglomération d’hommes s’efforce de procurer aux malheureux de toute espèce. À coup sûr, les frais d’administration proprement dite, le salaire des employés, le service de la vicinalité, quelques dépenses du culte laissées encore à la charge des communes, ne devraient pas rester en dehors de notre examen : pour les premières, notamment, il est hors de doute qu’elles augmentent et augmenteront toujours. Le service des bureaux de mairie, le traitement des secrétaires, ont plus que doublé dans ces dernières années, et l’on n’est pas arrivé au terme : or ces dépenses sont au premier rang de celles que paient les centimes ordinaires, de même que les frais d’entretien des chemins vicinaux. Mais, à moins d’en venir à la rétribution, si ardemment sollicitée, des maires et des conseillers municipaux, cette première catégorie ne dépasserait pas certaines limites et l’opinion du plus grand nombre ne pousse pas encore aux excès en ce genre. Il n’en est pas de même pour ce qui concerne l’assainissement des communes, la distribution des eaux et l’éclairage : de ce côté, la progression est indéfinie, et les chiffres cités plus haut prouvent ce qu’il faut encore s’imposer de sacrifices dans un temps relativement court si l’on veut répondre aux vœux des populations.