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contribuables s’augmentent d’année en année, et le chiffre des budgets communaux ajouté aux chiffres du budget de l’état ne mérite-t-il pas d’être mis en lumière et ne porte-t-il pas un enseignement utile sur la situation financière du pays, et, par suite, sur le régime politique qu’il réclame ?


III.

L’équité veut qu’en regard des recettes procurées par les sacrifices imposés aux contribuables, nous signations les améliorations obtenues et les progrès réalisés. Le rapport déjà cité de M. de Crisenoy, publié aux premiers jours de 1881, sur l’exercice 1877, rend cette tâche assurément facile, au moins en ce qui concerne les résultats matériels et visibles : n’oublions pas non plus de rappeler que le travail d’un de ses prédécesseurs les plus recommandables, M. Durangel, avait mis en, lumière toutes les dépenses faites par les communes au moment de la guerre et de l’invasion. Du rapport de 1880 il résulte qu’en cinq années, de 1872 à 1877 inclusivement, les communes avaient dépensé en travaux d’utilité publique 451 millions environ ; soit 16 millions pour les mairies, 73 pour les églises et presbytères, 82 pour les écoles, 99 pour les égouts, eaux, gaz, etc., 109 pour la voirie vicinale et 70 pour d’autres travaux. Les petites localités avaient fait preuve d’initiative comme les grandes, puisque le chiffre des travaux exécutés dans les communes ayant moins de 100,000 francs de revenus atteignait presque 170 millions.

Depuis 1878, les communes sont entrées dans une période encore plus grande d’activité, surtout en ce qui concerne les constructions d’écoles, les travaux d’assainissement et de voirie : dès à présent, il est bon de relater qu’en 1877, 2, l46 communes se trouvaient pourvues de distributions d’eaux : la longueur totale des égouts souterrains était de 2,287 kilomètres, appartenant à 153 villes : 2,505 possédaient un éclairage public ; dans 726, l’éclairage avait lieu au gaz. À côté de ces travaux qui intéressent spécialement les communes, il faut citer les travaux de casernement, dont la part payée par les municipalités sous forme de subsides ou d’avances atteignait 80 millions. Mais plus encore que dans les dépenses d’intérêt matériel proprement dit, c’était dans celles d’un ordre plus élevé qu’apparaissaient les larges augmentations ; pour l’instruction primaire (Paris excepté), la dépense s’était élevée de 40 millions en 1868 à 76 millions en 1877, et, d’autre part, les subventions aux hospices et aux bureaux de bienfaisance, qui ne sont pas obligatoires,