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pour 226 et les excédens libres et restes à recouvrer pour 135. Il n’avait pas été tenu compte de ce dernier article dans le dépouillement de 1868 ; c’est ce qui explique la grosse différence entre les totaux des deux exercices et rend toute comparaison difficile. En ne faisant de rapprochement que sur un point spécial, le produit des centimes communaux, on trouve qu’en 1871 celui des centimes ordinaires est de 64 millions et celui des centimes extraordinaires de 37, ensemble 101 millions. Or cette somme est supérieure de 15 millions aux produits de 1868, qui l’emportaient eux-mêmes de 20 millions sur ceux de 1862 et, si l’on remonte plus haut, de 70 millions sur 1836. En trente-cinq années, les ressources perçues sur l’impôt direct pour le service communal avaient au moins quintuplé. On se plaît généralement à dire que l’impôt direct est à peu près immuable, qu’il n’est qu’un impôt de répartition ; la faculté d’imposer des centimes additionnels en nombre presque illimité démontre singulièrement la fausseté de cette théorie. Dans la dernière période de 1868 à 1871, le principal des contributions directes n’avait presque pas varié (261 et 265 millions) et, par conséquent, le produit des centimes ordinaires avait dû rester sensiblement le même, mais il avait fallu, à l’occasion de la guerre, demander à plus de communes des sacrifices importans, et c’est ainsi que les centimes affectés aux dépenses extraordinaires avaient procuré 33 millions en 1871, répartis sur 21,341 communes contre 23 millions en 1868 payés par 13,403 communes imposées extraordinairement ; dans cette même année néfaste, les impositions extraordinaires autorisées atteignaient le chiffre de 78 millions 1/2. C’est à 93 millions que M. Durangel estime les dépenses de l’invasion à la charge des communes. À la fin de 1871, le total des emprunts à rembourser s’élevait en capital à 711 millions, déduction faite des amortissemens opérés, et les intérêts à servir jusqu’à leur expiration à 500 millions, soit ensemble 1,250 millions ; les dettes autres que les emprunts formaient encore une somme de 150 millions de francs. De 1862 à 1872, les communes de France, Paris excepté, avaient plus que doublé leurs emprunts, 330 millions contre 760 ; aussi M. Durangel estimait-il que, sans être périlleuse ; cette situation appelait la sérieuse attention du gouvernement et recommandait-il aux municipalités l’ordre et l’économie. Deux ans plus tard, ce furent encore les mêmes conseils que l’honorable M. de Goulard adressait aux préfets par une circulaire du 13 mars 1873.

La loi de finances de 1878 avait décidé que le département de l’intérieur devrait présenter sur la situation financière des communes un rapport analogue à ceux dont nous venons de parler, mais ce ne fut qu’en 1881 et seulement sur les. résultats de l’exercice