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Toutes les communes prélèvent, à titre de ressources ordinaires : 1o — 5 centimes imposés chaque année par la loi de finances sur le total des contributions directes, c’est-à-dire de l’impôt foncier, des portes et fenêtres, personnel et mobilier ; 2o — 8 centimes sur la contribution des patentes : or l’importance de ces deux prélèvemens ne varie pas seulement selon que les impôts sont plus ou moins forts, c’est-à-dire selon que les contribuables sont plus ou moins riches, mais encore selon que l’assiette en a été établie avec plus ou moins de sévérité. On n’ignore pas que, par suite de l’inégalité dans la confection du cadastre, l’impôt foncier s’élève jusqu’à 21 centimes par franc du revenu ou s’abaisse à 3 centimes. Depuis bien longtemps, il a été question de la péréquation de l’impôt, mais c’est une promesse restée à l’état de lettre morte, et l’inégalité subsistera longtemps encore et rendra la charge des centimes ajoutés au principal des contributions bien plus lourde dans certains endroits que dans d’autres. Quant à la suite de ces premiers centimes perçus par les communes, nous enverrons d’autres s’ajouter en plus grand nombre encore, il sera bon de se rappeler les inconvéniens de l’inégalité des sacrifices demandés au revenu foncier et l’on comprendra qu’on ait pu soutenir que ce revenu était, dans certaines localités, presque entièrement absorbé.

Les cinq premiers centimes ordinaires et les 8 centimes prélevés sur le principal des patentes, dont la loi de finances mentionne chaque année la perception, ne suffisent pas à payer en effet, dans toutes les communes, les dépenses nécessaires, et il en est d’obligatoires et de spéciales auxquelles il faut toujours pourvoir. Des centimes additionnels deviennent alors exigibles, soit du gré des conseils municipaux, soit, s’ils se refusent à les voter, par décision de l’autorité supérieure, et le maximum légal en est fixé à 20 centimes, sur lesquels plusieurs lois successives ont déterminé la part spéciale à faire à l’instruction primaire et aux chemins vicinaux.

C’est donc aux impôts directs que les communes ont en premier lieu recours ; dans les impôts indirects, elles n’ont qu’un article à leur disposition : celui des octrois, et les villes seules peuvent les établir en raison du chiffre de la population. Le nombre des octrois était de 1,514 en 1871, de 1,540 en 1880. Sur le chiffre de 260 millions fournis par l’octroi (Paris excepté), les communes en 1880 ayant plus de 100,000 francs de revenu ont perçu 97 millions. Bagnères-de-Bigorre et Bagnères-de-Luchon sont les seules villes de cette catégorie dépourvues d’octrois.

D’autres taxes procurent aussi aux communes d’abondantes ressources, les halles, les marchés, une part dans les permis de chasse, la taxe des chiens, des voitures, etc. Il est à noter que 18,000 communes