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ou plutôt sur un budget annexe du budget général, et dont l’importance spéciale est immense, que nous voudrions émettre quelques réflexions et appeler l’attention du lecteur : aucun sujet ne nous paraît la mériter à un égal degré. Les grandes lignes du budget général de l’état sont visibles à tous, les discussions des assemblées législatives en révèlent les caractères distinctifs ; pour les budgets départementaux, les conseils généraux en l’ont encore connaître les principaux détails et, la presse locale les enregistre avec soin. En est-il de même des budgets communaux ? En dehors des grandes villes et au-delà des limites des localités, qui pourrait en parler avec compétence ? Qui surtout possède la moindre notion de ce qu’il importe le plus de savoir, c’est-à-dire de l’ensemble de tous ces budgets communaux, de ces recettes et de ces dépenses qui ajoutent de tels chiffres au budget de l’état proprement dit et sous lesquels, en cas d’exagération, la fortune publique pourrait s’écrouler et le mécontentement général surgir avec une violence irrésistible, comme il le fit aux premiers jours de la révolution française, suscité par l’intolérable poids des charges locales si inégalement réparties ?

Il n’y a pas vingt ans, en 1865, le ministre de l’intérieur fit pour la première fois rédiger un travail d’ensemble sur la situation financière de toutes les communes de l’empire, pour l’exercice de 1862. Dans les premiers mois de 1870, M. Chevandier de Valdrôme soumit à l’empereur un très important rapport sur l’exercice de 1868. Depuis lors, ce bon exemple a été suivi : nous avons sous les yeux le travail de M. Durangel, directeur du service départemental et communal, rédigé après la guerre et d’où ressortent les sacrifices faits par les communes à cette occasion, ainsi que celui de l’un de ses successeurs, M. de Crisenoy, où sont comparées les situations des années 1877 et 1878 avec celles des années antérieures, mais ce n’est que dans cette dernière année qu’une circulaire du ministre de l’intérieur a prescrit la publication, après chaque exercice, de la situation financière de toutes les communes. Pouvons-nous donc aujourd’hui établir une de ces comparaisons si instructives entre les différens régimes sous lesquels nous avons vécu, analogues à celles qui ont montré, par exemple, le budget de l’état grossissant à vue d’œil et montant depuis ce fameux milliard qu’on prédisait au moment où il était atteint ne devoir jamais être revu, tant le chiffre en était faible, jusqu’au triple de cette somme qu’il dépasse aujourd’hui ? À coup sûr, il serait non moins intéressant de suivre les dépenses de la vie municipale dans leur accroissement successif ; mais, d’une part, on ne pourrait reculer à une époque assez lointaine, et d’autre part les documens semblent