Page:Revue des Deux Mondes - 1882 - tome 54.djvu/204

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

récentes de M. Hoffimeyer, M. Loomis est arrivé à cette conclusion, que, lorsqu’une dépression quitte les États-Unis, la probabilité qu’elle atteindra l’Angleterre quelque part est seulement de 1 : 9 ; la probabilité pour qu’elle produise une tempête au voisinage d’une côte anglaise est de 1 : 6, et la probabilité d’une fraîche brise est de 1 : 2. Nous sommes loin, on le voit, de l’assertion, souvent citée, de M. Daniel Draper, qui veut avoir constaté que, sur quatre-vingt-six tempêtes parties de New-York, et dont il a suivi la marche, trois seulement ne sont pas arrivées, soit à Valentia, soit à Falmouth. M. Hoffmeyer a examiné, de son côté, la marche des perturbations de l’Atlantique pour deux périodes comprenant ensemble vingt et un mois ; il a trouvé que 19 sur 34, c’est-à-dire 56 pour 100, ont atteint l’Europe, et sur ce nombre, 10 seulement, soit en tout 29 pour 100, ont amené des tempêtes. Quant aux lieux menacés, la probabilité qu’une dépression partie des États-Unis amènera la tempête en Europe est de 1 : 3 pour la Norvège, 1 : 4 pour les Iles-Britanniques, 1 : 7 pour la France, et 1 : 11 pour le Portugal. Ajoutons que les tempêtes qui atteignent l’Europe occidentale ne viennent pas toutes de l’Amérique : sur 100 dépressions qui abordent nos côtes, 12 viennent des régions arctiques de l’Amérique, 47 de l’Amérique du Nord et du Canada, 5 des régions tropicales ; 33 sont des minima partiels ou secondaires formés en plein Océan par segmentation des perturbations principales ; 3 naissent spontanément sur l’Océan. Il s’ensuit que les avertissemens venus de l’Amérique seule ne se vérifient en moyenne qu’une fois sur deux, et qu’en tous cas la moitié seulement des tempêtes d’Europe peut être annoncée par cette voie. Mais M. Hoffmeyer estime que les prévisions deviendraient tout à fait sûres, si l’on avait en même temps les renseignemens des îles Féroë, de l’Islande, du Groenland et des Açores. Le Verrier espérait beaucoup d’une communication télégraphique avec les Acores. Pour l’Angleterre, M. Scott est d’avis qu’elle n’est guère intéressée à l’établissement de cette communication, car en rapprochant les observations simultanées faites pendant deux ans et demi aux Açores et à Valentia (Irlande), on n’a remarqué aucun rapport entre les phénomènes observés aux deux stations.

Ce qui manque pour compléter nos informations peut paraître, à première vue, hors d’atteinte : ce serait un réseau de stations semées à la surface même de l’Atlantique jusqu’à une distance d’environ 1,000 kilomètres de nos côtes. Elles serviraient à signaler les bâtimens en détresse ou retenus par des vents contraires, en même temps qu’à nous renseigner sur les conditions météorologiques dur large. Mais le problème des stations télégraphiques flottantes n’a pas encore été résolu d’une manière vraiment pratique. On a