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le vent souffle de l’ouest, tandis que le vent de plaine vient de l’est ou du nord. Il y a là toute une série de phénomènes nettement caractérisés, qui pourront être considérés comme des présages certains d’une période de temps très beau et très sec.

Pour M. de Tastes, les anticyclones ou aires de haute pression ne sont autre chose que les espaces circonscrits par les courans généraux : c’est ce qui nous explique leur stabilité. Mais le flot du courant général peut se frayer un chemin à travers le massif des hautes pressions et en détacher des îlots, tout comme les fleuves qui coulent dans une vaste plaine se divisent en plusieurs bras et forment des îles aux dépens de leurs rives. C’est par l’étude attentive de ces îles et îlots de haute pression que la météorologie pratique peut espérer d’étendre beaucoup son domaine. Pour nos climats, il importe surtout de surveiller les fluctuations lentes des aires de haute pression de l’Atlantique et de l’Asie, dont les bords sont toujours visibles dans les limites de la carte de l’Europe. En effet, du courant aérien qui circule entre ces deux régions semblent dépendre les modifications du temps et les caractères des saisons.


III

Jusqu’à présent, les efforts des météorologistes se sont portés de préférence vers l’étude de ces perturbations accidentelles que l’on appelle bourrasques ou cyclones, de ces mouvemens tournans, parfois si dangereux, dont les propriétés, désormais suffisamment connues, servent de base aux prédictions du temps à courte échéance. D’après une récente communication de M. Chevreul à la Société nationale d’agriculture, ce serait Joseph Hubert, le continuateur de l’œuvre de Pierre Poivre à l’île de la Réunion, qui aurait le premier, vers 1788, reconnu et signalé le caractère giratoire des cyclones. Ce n’est que beaucoup plus tard que les mêmes idées se font jour en Angleterre : on les trouve indiquées dans un écrit du colonel Capper (Observations on winds and monsoons, Londres, 1801). En 1818, Hubert était en possession de la formule complète du mouvement de rotation et de translation des cyclones. Dix ans plus tard, Dove publie sa carte de la tempête du 25 décembre 1821, qui a traversé le nord de l’Europe dans la direction du sud-ouest au nord-est, et dont il signale le caractère cyclonique. Puis viennent les travaux de W. -G. Redfield (1831), de sir William Reid, d’Henri Piddington, sur les ouragans des Antilles et de la mer des Indes.

Les lois des ouragans, telles qu’elles se dégagent de ces recherches, sont d’une remarquable simplicité. Les ouragans (cyclones, typhons, etc.) sont des tourbillons dans lesquels la violence du vent augmente de la circonférence jusqu’à une certaine distance du