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Dans l’hémisphère austral, M. de Tastes retrouve deux circuits analogues, qui sont comme les contre-parties des deux grands circuits de l’hémisphère boréal, mais dont les contours ont moins d’ampleur. Remarquons maintenant que, dans les branches équatoriales de tous ces circuits, le courant marche toujours de l’est à l’ouest, pour se diriger ensuite vers les pôles ; il s’ensuit que la circulation générale a lieu en sens inverse dans les deux hémisphères. On s’explique ainsi pourquoi le sens du mouvement giratoire des tourbillons qui parcourent ces fleuves aériens, invariable pour chaque hémisphère, n’est pas le même au nord et au sud de l’équateur. Sur l’hémisphère sud, les cyclones tournent toujours de gauche à droite, comme les aiguilles d’une montre, et sur l’hémisphère nord de droite à gauche. C’est bien le sens que la théorie assigne à la rotation de tourbillons qui se forment dans les conditions indiquées.

Dans la partie sud de la mer des Indes, on constate encore des traces de courans analogues ; mais la configuration de l’hémisphère austral, où domine l’élément liquide, empêche les circuits de s’accuser aussi nettement que sur l’hémisphère boréal. Il semble que des dérivations issues de ces circuits se confondent sur la mer libre qui fait le tour du continent antarctique et y produisent un courant continu dans le sens même de la rotation du globe. Pour compléter cette esquisse, il nous reste à parler de l’Asie ; cet immense continent est soumis à un régime tout spécial : au sud, les moussons ; au nord, le type achevé du climat excessif, presque entièrement soustrait à l’action modératrice des vents marins. Enfin le pôle nord est le centre d’une région à part où l’air n’est animé d’aucun mouvement de sens constant, sorte de banquise aérienne, incessamment entamée par les assauts que lui livrent les ondes des deux grands circuits qui la côtoient. Les cartes du Bulletin international et celles que publie le Signal Office montrent d’ailleurs que ces deux courans se bifurquent assez fréquemment devant les promontoires formés par les aires de hautes pressions de l’Asie et de l’Amérique septentrionale, et que les branches dérivées qui atteignent les côtes sibériennes et le Haut-Canada constituent un courant continu marchant de l’ouest à l’est, comme celui des mers australes.

Cette nouvelle théorie de la circulation atmosphérique, que je viens de résumer brièvement, semble s’adapter mieux qu’aucune autre aux faits observés. Comme le fait remarquer M. de Tastes lui-même, elle laisse entièrement de côté les mouvemens secondaires dus à des circonstances locales, comme les brises de terre et de mer qui règnent dans le voisinage des côtes, des vents particuliers aux pays de montagnes, etc. Elle ne tient nul compte non plus des courans ascendans ou descendans, qui jouent un si grand rôle dans la théorie ordinaire fondée sur l’hypothèse des