Page:Revue des Deux Mondes - 1882 - tome 54.djvu/141

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XIVe siècle, il y en eut des fabriques à Essonne et à Troyes. En Alsace, la première fut fondée en 1700, à Roppentzwiller, près de Ferrette ; plus tard, il s’en établit une autre à Turckheim. Il y a aujourd’hui cinq établissemens fabriquant le papier à la machine et quelques autres à la main, produisant ensemble annuellement environ 5 millions de kilogrammes. Le plus important est celui de M Zuber Rieder et Cie à l’île Napoléon, sur le canal du Rhône au Rhin, à 4 kilomètres de Mulhouse. Il emploie 320 ouvriers, produit 1,800,000 kilogrammes de papiers pour tous les usages : papier à lettre, papier à écrire, papier pour registres, papiers à imprimer, papiers peints, etc. Ces derniers comprennent toutes les qualités depuis 40 cent, jusqu’à 25 francs le rouleau. Les qualités supérieures sont imprimées à la planche, les autres à la machine. Il s’en vend pour 1 million par an. Les matières employées à la fabrication du papier, outre les chiffons, sont la paille et le bois, qu’on défibre au moyen de machines et dont on fait une pâte qu’on mélange avec celle du chiffon. La pâte à papier comprimée est elle-même employée dans une foule d’industries, où elle remplace le bois ; on en fait entre autres des membres artificiels, des objets vernis, des jouets, des panneaux, etc.

L’industrie du cuir est également très importante, puisqu’elle fabriquait, en 1870, pour 12,000,000 francs de marchandises diverses. La plus forte tannerie est celle du Wacken, près de Strasbourg, qui occupe 200 ouvriers, travaille 44,000 peaux et produit 680,000 kilogrammes de cuir valant 2,850,000 francs. Les peaux, qu’elles proviennent des animaux indigènes ou qu’elles soient expédiées sèches de l’Amérique et de l’Inde, sont d’abord trempées, puis épilées par l’immersion dans de l’eau de chaux et de soude. Elles sont ensuite placées dans des fosses et séparées les unes des autres par des couches de tan, dont l’acide, se combinant avec les substances animales, forme un composé imputrescible qui constitue le cuir. Il faut six mois pour tanner une peau de veau et dix-huit pour une peau de bœuf, malgré les divers procédés qu’on a cherché à employer sans succès pour abréger ces délais. Les cuirs sont ensuite séchés et martelés, puis lustrés ou vernis avant d’être livrés au commerce ou aux industries qui les transforment suivant les besoins auxquels ils doivent satisfaire.

Il n’existe, en Alsace, qu’une seule verrerie peu importante, à Wildenstein, et quelques fabriques de poteries, de grès et de poêles de faïence. Enfin, pour ne rien omettre, nous devons mentionner une production alimentaire qui a un véritable caractère industriel, celle de la bière, dont l’importance annuelle est évaluée à 800, 000 hectolitres d’une valeur de 20,000,000 francs et dont il s’exporte