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quatre ans. Les garçons n’y sont pas admis au-dessous de treize ans, les filles au-dessous de quatorze ans, car il existe des établissement de cette nature pour les filles, et les programmes sont absolument les mêmes. Mais, à la différence de ce que nous avons vu à Providence, les enfans de chaque sexe ont à Boston leur école à part et on ne paraît pas faire grand cas dans le Massachusetts du système qui consiste à les réunir. Je dirai même en passant que quelques doutes sur les avantages de cette réunion m’ont été exprimés dans l’état de Rhode-Island, où elle est pratiquée, et que l’opinion générale m’a paru au moins très partagée sur cette question. Quant à celle, si délicate et qui fait aujourd’hui en France l’objet de discussions si passionnées, de l’enseignement religieux, elle a été tranchée d’une façon bien simple. L’enseignement religieux a été supprimé complètement et ne figure dans aucune partie du programme, mais sans qu’on ait essayé de le remplacer par l’enseignement d’une morale laïque et civique. Comment dans la Nouvelle-Angleterre, cette patrie du puritanisme, en est-on arrivé là? Est-ce comme chez nous par hostilité contre l’idée religieuse elle-même? En aucune façon. C’est à cause de la difficulté de savoir quel enseignement religieux serait donné. Comme tous les pays protestans, mais plus que tout autre, les États-Unis sont divisés en sectes nombreuses et ardentes: méthodistes, baptistes, épiscopaux, presbytériens, etc., sans compter les catholiques, qui sont presque partout les plus nombreux. Aucune de ces sectes n’était disposée à tolérer que dans une école publique, payée par conséquent avec les deniers de tous, les croyances religieuses d’une secte fussent enseignées de préférence à celles d’une autre, parce que les adhérens de chaque secte voulaient pouvoir y envoyer librement leurs enfans. Les catholiques ont été les plus ardens dans cette campagne pour la laïcisation de l’enseignement, et cependant ils y étaient peut-être les moins intéressés, car dans beaucoup de villes ils ont leurs écoles à part. Mais quel qu’ait été le mobile, le résultat a été le même qu’en France et aujourd’hui l’enseignement est laïque dans toute l’étendue du Massachusetts, comme au reste dans beaucoup d’états de la grande Union. Je devais à la vérité de mettre en relief cette ressemblance, bien qu’elle soit plus apparente que réelle; mais je lui dois également de dire que, si confians que soient les Américains en général dans l’excellence de leur système d’éducation, des craintes s’élèvent dans beaucoup d’esprits sur les résultats de cette suppression de tout enseignement religieux doctrinal et moral, et que ces craintes commencent même à s’exprimer hautement. Des hommes qui, à Boston, ne sont pas les premiers venus, ont même soutenu que le résultat auquel on était arrivé dans l’éducation des filles avait été tout simplement déplorable, et ils ont donné pour preuve que les femmes