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France continentale, qui jouit depuis plus de vingt siècles du bénéfice de la civilisation, travaille encore à ses chemins et à ses voies ferrées. Née d’hier, l’Afrique française ne peut avoir fait que les premiers pas; mais elle a bien employé les cinquante années de sa laborieuse et difficile enfance. Jusqu’en 1879, on ne comptait en Algérie que cinq routes nationales : une loi de cette année en porte le nombre à dix, dont l’une doit aller d’Oran à Géryville, par Maskara et Saïda, une autre de Relizane à la frontière du Maroc, par Maskara, Sidi-bel-Abbès et Tlemcen. Quand elles seront toutes achevées, elles auront une étendue de 2,985 kilomètres; il faut y joindre 1,316 kilomètres de routes départementales et près de 6,400 kilomètres de chemins de grande communication et d’intérêt commun. Ce sera, sans compter les chemins vicinaux ordinaires, un ensemble de 10,500 kilomètres, dort les deux tiers à peu près sont actuellement exécutés. La loi de 1879, qui a accordé une subvention nouvelle de 300 millions à la caisse des chemins vicinaux, a affecté sur cette somme 40 millions à l’Algérie. Bien employée et combinée avec les prestations en nature, cette ressource serait suffisante pour ouvrir, en sept ou huit ans, de 8 à 10,000 kilomètres de chemins de petite vicinalité. C’est depuis dix ans surtout que l’on s’est mis à l’œuvre avec énergie. En 1871, la route de terre d’Alger à Constantine n’était pas encore achevée. Aujourd’hui, les efforts se portent principalement sur les routes excentriques : Alger à Laghouat, Oran à Tlemcen, Stora à Biskra, Maskara à Géryville, Relizane au Maroc, Bougie à Setif, Constantine à Tébessa. Les ports aussi sont l’objet de travaux importans. Parfois des compagnies privées, concessionnaires de mines ou de chemins de fer, en font les frais, comme pour le port d’Arzew ; le plus souvent c’est l’état qui doit se charger de toutes les dépenses. Depuis un certain nombre d’années, le budget fournit annuellement de 12 à 13 millions aux travaux publics autres que les chemins de fer.

Les voies de communication perfectionnées commencent à être étendues en Algérie. En 1870, il ne s’y trouvait que la ligue parallèle à la mer d’Oran à Alger et une autre très courte, perpendiculaire à la Méditerranée, de Philippeville à Constantine. Ce n’était qu’un réseau de 513 kilomètres. Aujourd’hui les chemins de fer algériens en exploitation n’ont pas moins de 1,200 kilomètres, sans compter les 189 kilomètres de la ligne de la Medjerdah. en Tunisie. Aux deux premières lignes se sont jointes celles de Constantine à Sétif, de la Maison-Carrée à l’Aima, de Bône à Guelma, de Guelma au Kroub, c’est-à-dire à Constantine, de Duvivier à Soukharras, du Tlélat à Sidi-bel-Abbès, d’Arzew à Saïda ou plutôt à Mecheria. Ce ne sont encore que des tronçons épars qui ne se relient pas entre eux: il y a une lacune entre le réseau occidental et le réseau oriental. Elle