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de bienfaisance ; il en existe 143 avec un budget de 1 million, tandis que l’arrondissement de Lille, malgré le nombre de sa population, n’en a que 129. Les établissemens hospitaliers du département sont inscrits au budget pour 5,242,000 francs. Les campagnes profitent de ces établissemens beaucoup moins que les villes pourtant. Le Pas-de-Calais compte 903 communes ; 6 seulement ont des hospices, et ce sont des villes. Ils reçoivent les gens de la campagne à la condition que la commune paie.

On doit presque partout reconnaître la meilleure organisation du service médical pour les campagnards appelés à recevoir des soins gratuits : mais combien il y a encore de progrès à faire !

Quant aux sociétés de secours mutuels, développées aussi en Picardie et en Artois, elles ont dans la Flandre un avoir de 2,536,000 fr., comptent 7, 242 membres honoraires, 35,270 participans hommes et 3, 649 femmes. L’arrondissement de Lille comprend l’immense majorité de ces sociétés si utiles. Il en a 152, tandis que celui de Valenciennes en a 19, celui de Cambrai 6, celui d’Avesnes 5. C’est une preuve regrettable du peu de développement de ces sociétés dans les campagnes relativement aux villes. Elles y feraient pourtant le plus grand bien, un bien matériel et aussi un bien moral, en répandant l’esprit de fraternité, de charité mutuelle, trop languissant dans nos populations agricoles, dont j’ai signalé l’esprit d’isolement comme un grand mal. On ne saurait trop louer non plus ce qui se fait dans ces départemens pour l’enfance abandonnée et pour les enfans nouveau-nés. C’est encore le département du Nord qui paraît faire les plus grands sacrifices pour cette forme de l’assistance, une des plus nouvelles comme une des plus touchantes.

Rien de plus différent que la manière dont se comportent relativement à la population la Picardie, l’Artois et la Flandre. La Picardie marche dans les mêmes voies que la Normandie. La décroissance du nombre des naissances relativement aux décès est attestée par les tableaux statistiques de la population de la France. Aussi me bornerai-je à quelques faits puisés dans une observation plus directe et plus locale qui porte sur l’arrondissement d’Abbeville, dont j’ai eu entre les mains, grâce à une obligeante communication, les chiffres très significatifs, recueillis sur place. À partir de 1861, le canton de Crécy, qui comptait 15,242 habitans, en perd près de 3,000 en 1877, celui de Gamaches perd environ 1,500, celui d’Ailly-le-Haut-Clocher une centaine, celui de Nouvion environ 1,500. La proportion est la même dans les quatre cantons ruraux. Abbeville a peu gagné ; ce n’est pas l’émigration qui a eu la plus grande part dans ces dépeuplemens. En revanche, l’Artois, représenté en grande partie par le Pas-de-Calais, continue à suivre un mouvement ascendant.