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la France dépasse à peine 18 pour 100 et tombe à 10, exceptionnellement à 9. Pour la Flandre française, il faut distinguer les régions. Peut-être n’en existe-t-il en France aucune qui soit mieux dotée d’établissemens scolaires que l’arrondissement de Lille ; la dernière statistique signale 340 écoles publiques et 116 établissemens libres. Dans l’ensemble des départemens du Nord, l’enseignement congréganiste comptait, en 1880, dans les écoles publiques et dans les écoles libres, plus d’un tiers des garçons et plus des deux tiers des filles. Ces proportions ont été modifiées depuis les récens efforts faits pour laïciser, notamment à Lille. Mais le département du Nord trouve un obstacle à l’instruction primaire dans la persistance de la langue flamande, qui garde ses positions, non-seulement parmi les populations de la Flandre flamingante, c’est-à-dire des arrondissemens de Dunkerque et de Hazebrouck, mais dans quelques régions de la Flandre wallonne. Les écoles congréganistes s’en sont tenues d’une façon trop exclusive à l’emploi de cette vieille langue des paysans populaire et traditionnelle. Le flamand, qu’on peut conserver, au reste, si son maintien est compatible avec une autre langue concurrente, a le tort d’intercepter les communications avec les autres Français, et il nous est arrivé à nous-même de nous sentir un peu étranger dans ces campagnes. Le principal tort du flamand est de rendre l’instruction de l’enfance très difficile. Il faut commencer par lui enseigner la langue dont on se servira pour l’instruire. Cela complique fort les choses. Comment pourtant ne pas apprendre notre langue à ces jeunes Français ? Le pourrait-on sans une sorte de trahison nationale ? Nous avons lieu de regretter de n’avoir pas appris la langue française depuis Louis XIV à nos paysans d’Alsace. La leçon doit nous servir, même dans une contrée où nous n’avons pas les mêmes sujets de crainte pour l’avenir. Les obstacles qui se sont opposés jusqu’ici à une efficacité plus profonde de l’instruction primaire sont, dans ces départemens du Nord et du Nord-Ouest, les mêmes que partout ailleurs : c’est le peu d’exactitude à assister aux classes, c’est le temps trop peu prolongé de l’école, qui s’arrête trop souvent à l’âge de la première communion, c’est la négligence de certains parens à envoyer leurs enfans à l’école. On verra ce que produira dans un avenir prochain l’instruction rendue obligatoire et gratuite. Quant au présent, je remarque que ces paysans, qu’on serait tenté de croire moins soucieux de l’instruction pour leurs enfans que l’artisan des villes, à qui on en parle sans cesse, envoient, au contraire, leurs enfans à l’école dans une proportion supérieure à celle des ouvriers de manufacture.

On a tenté de louables, mais insuffisans efforts, pour répandre l’instruction agricole dans ces provinces. Présentons ici une