Page:Revue des Deux Mondes - 1882 - tome 52.djvu/809

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

subi l’influence romaine à la fin de la république. C’est l’empire qui a uni dans une même civilisation toute l’Italie d’abord, ensuite tout l’univers.

L’Étrurie avait marché beaucoup plus vite. Tarquinies surtout, voisine de la mer et qui semblait du haut de sa montagne appeler à elle l’étranger, reçut de bonne heure la visite de hardis marchands qui lui apportaient les produits de leur industrie. Aussi ses progrès furent-ils très rapides. Une tombe curieuse, qu’on a découverte au mois de janvier dernier, permet de les constater. Dans un de ces trous cylindriques dont je viens de parler, au-dessus de l’urne cinéraire qui en forme le fond, on a trouvé un sarcophage de pierre qui contient les restes d’une petite fille dont le corps n’a pas été brûlé ; avec la pauvre enfant on a enterré tous ses bijoux, ce sont surtout des anneaux et des colliers de bronze qui ne diffèrent de ceux de l’époque précédente que par un travail plus habile, mais il s’y joint de plus des bijoux d’or et quelques morceaux d’ambre. Cette tombe placée si près de l’autre et qui sans doute était presque du même âge, représente un premier pas accompli dans cette voie de luxe et d’élégance où l’Étrurie ne devait plus s’arrêter.

A propos des bijoux d’ambre qui se trouvent dans cette tombe et que contiennent aussi beaucoup d’autres sépultures du même temps, je voudrais qu’il me fût possible d’analyser en détail un mémoire de M. Helbig sur l’emploi de cette matière précieuse pendant l’antiquité[1] : c’est un chapitre curieux de l’histoire du commerce antique qui intéresse aussi celle de l’art grec. Le peu de mots que je puis dire de ce travail en montrera l’importance. M. Helbig commence par confirmer les renseignemens que nous donnent les écrivains anciens sur la provenance de l’ambre. Il est certain qu’il venait des rivages de la Baltique : c’est un bien long trajet pour une époque si reculée. Il voyageait par la voie de terre, traversant toute l’Allemagne, de tribu en tribu, avant d’arriver. Le Rhône l’amenait au grand entrepôt de Marseille, d’où il se répandait chez les nations helléniques ; il entrait en Italie par la Pannonie et la Vénétie ; les bords du Pô paraissent avoir été de tout temps le centre de ce commerce ; c’est de là qu’il pénétrait chez tous les peuples italiens. On ne trouve pas encore d’ambre dans les tombes qui remontent à l’âge du bronze, mais un peu plus tard il abonde. La coquetterie et la superstition s’unissaient pour en augmenter le prix. On en faisait des ornemens qui relevaient la beauté des femmes et des amulettes qui préservaient des maux de gorge et des

  1. Ce mémoire qui est intitulé : Osservazioni sopra il commercio de l’Ombra a été publié en 1877 dans le recueil de l’académie de Lincei.