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l’Egypte ; les premières symptômes d’une dislocation ministérielle en France commençaient à s’accuser ; les opinions les plus divergentes se faisaient jour au sein du parlement sur l’opportunité des demandes de crédits présentées par le gouvernement pour l’armement de quelques navires, puis pour l’envoi de quelques bataillons d’infanterie de marine à Port-Saïd et à Ismaïlia. Pendant ce temps, la Porte faisait savoir qu’elle consentait à participer à la conférence, ce qui était une complication nouvelle. Enfin, au moment où la confusion parlementaire chez nous était à son comble par suite de la décision de la commission des crédits tendant à un rejet des propositions du cabinet Freycinet, au moment où le Times déclarait qu’il était temps d’en finir avec les subtilités et que l’Angleterre devait définitivement s’emparer de l’Egypte, on a appris que la Turquie consentait à intervenir sur les bords du Nil aux conditions posées par les puissances.

Comment les banquiers ont-ils pu choisir précisément, pour commander un mouvement de hausse, le moment précis où le désordre politique était complet, c’est ce qui ne peut s’expliquer que par le désir de faire courir les vendeurs après leurs primes deux jours avant la réponse et la liquidation. Mais la situation ne s’est nullement améliorée parce que le 5 0/0 est à 115.45, bien au contraire, et la faiblesse reprendra le dessus, selon toute vraisemblance, dés les premiers jours d’août, si, comme il est trop aisé de le prévoir, les prétendues propositions de soumission d’Arabi cachent simplement une nouvelle manœuvre dilatoire du dictateur égyptien et peut-être de la Porte.

En dehors des rentes, des titres de la Compagnie de Suez et des fonds orientaux, peu de valeurs ont donné lieu pendant cette quinzaine à des affaires de quelque importance. La Banque de France a conservé en grande partie l’avance de plus de 200 francs qu’elle avait obtenue depuis la liquidation de fin juin. Il en est de même des actions des Chemins français. Le Crédit foncier s’est maintenu à travers des oscillations de 10 à 20 francs aux environs de 1,450 francs. Les cours des autres institutions de crédit présentent peu de changemens sur ceux du 15 courant. La Banque de Paris a perdu 12 francs, la Banque d’escompte 7, le Crédit mobilier 10. Nous retrouvons la Société générale au même prix à 615, et le Crédit lyonnais en reprise de 7 francs. Le Crédit mobilier espagnol, avec une hausse de 40 francs, constitue une heureuse exception. Le Nord de l’Espagne, qui suit les mouvemens du Mobilier espagnol, a gagné 25 fr., le Saragosse 10 fr., et le Lombard 7 francs. Les valeurs orientales restent en baisse, l’action Suez de 75 francs, la Banque ottomane de 25 francs, l’Obligation unifiée de 10 francs. L’Italien a reculé de 35 centimes, le Turc de 30 centimes.


Le directeur-gérant : C. BULOZ.