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Nous voudrions plus encore pour diminuer dans l’examen la part du hasard. Confié aux seuls professeurs des facultés des lettres et des sciences, le baccalauréat est pour eux une corvée aussi fastidieuse que pénible, qui les enlève à leurs autres devoirs sans même leur laisser la conscience de la bien remplir. Cette corvée fait d’eux les juges de l’enseignement secondaire, auquel ceux même qui lui ont appartenu comme professeurs sont devenus plus ou moins étrangers par leurs nouvelles études. Elle les réduit, de plus, s’ils ne veulent pas lui consacrer tout leur temps, à des appréciations très incomplètes et très hâtives soit sur les compositions, soit sur les épreuves orales. Il y aurait donc avantage à décharger les professeurs de l’enseignement supérieur d’une partie de cette tâche ingrate et nécessairement mal remplie, en leur adjoignant d’autres examinateurs empruntés à l’enseignement secondaire public ou libre. C’est ce que demande un vœu adopté par les deux sociétés de l’enseignement secondaire et de l’enseignement supérieur. Aux termes de ce vœu, chaque jury serait formé, sous la présidence d’un professeur de faculté, d’agrégés et de docteurs pris en dehors de l’enseignement supérieur. Les jurys pourraient ainsi être plus nombreux et disposer de plus de temps pour les diverses épreuves. Leurs membres auraient une compétence plus spéciale et, d’un autre côté, la direction d’un professeur de faculté conserverait à l’examen son caractère élevé et le mettrait à l’abri de tout soupçon de partialité.

Ces réformes s’appliqueraient au baccalauréat ès-sciences comme au baccalauréat ès-lettres. Elles conviendraient également, dans leur esprit, sinon dans leur forme littérale, à l’examen final des autres branches d’instruction secondaire, telles que l’enseignement spécial et le nouvel enseignement qui vient d’être institué pour les jeunes filles.


IV

Nos lois, jusqu’à ces dernières années, ne reconnaissaient pas d’autre enseignement pour les filles que l’enseignement primaire, soit du degré élémentaire, soit du degré supérieur. C’était ne tenir compte ni de l’intérêt social ni de la réalité des choses. L’éducation des filles n’intéresse pas moins la société que celle des garçons. Si les deux sexes n’ont pas des droits pareils et si leurs aptitudes physiques et morales ne les destinent pas aux mêmes fonctions, la femme n’est pas cependant étrangère aux professions et aux emplois qui rétament une instruction plus ou moins étendue et, en dehors de ces vocations spéciales, son rôle général comme épouse et comme