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des examinateurs universitaires a désarmé depuis longtemps, chez tous les hommes éclairés et de bonne foi comme auprès des pouvoirs publics, cet esprit de défiance auquel avaient obéi les législateurs de 1850, quand ils avaient permis aux candidats de choisir à leur gré leurs juges dans toute la France et quand ils les avaient dispensés de toute justification d’études. Les partisans les plus jaloux de la liberté d’enseignement n’ont aucune raison de redouter un système tout contraire, qui assignerait aux candidats leurs centres d’examens, de même qu’il y a des centres fixes de juridiction pour toutes les catégories de justiciables, et qui exigerait d’eux la production de certificats attestant des études régulières et complètes, soit dans l’enseignement public, soit dans l’enseignement libre, pendant un nombre déterminé d’années, sur toutes les matières de l’ordre d’enseignement auquel correspond le baccalauréat. On pourrait craindre sans doute des certificats de complaisance, mais on en peut craindre partout où des attestations sur un objet quelconque sont demandées, et cependant c’est une garantie dont aucune administration ne voudrait se passer, qu’il s’agisse de santé, de moralité ou de revenus personnels. Est-il sage d’y renoncer dans les questions d’instruction et de se contenter d’un simple examen ? Il y aurait en réalité double garantie ; car, en même temps que l’examen serait éclairé par les certificats, il servirait lui-même à en contrôler la sincérité. L’ignorance dont tel candidat ferait preuve, soit sur l’ensemble, soit sur une partie du programme, serait un démenti public infligé à des attestations mensongères.

Il est au moins un certificat d’une valeur incontestable qui devrait être exigé de tout candidat au baccalauréat. C’est le certificat de grammaire, que les élèves des lycées obtiennent après la classe de quatrième et que les élèves des autres établissemens publics ou libres peuvent obtenir à la suite d’un examen devant un jury spécial. Ce certificat est nécessaire pour certaines études professionnelles ; il pourrait sans difficulté devenir la condition générale des études littéraires ou scientifiques en vue du baccalauréat[1]. Il arrêterait ainsi au passage ceux que l’incurie de leurs parens ou de leurs maîtres laisse poursuivre ces études sans qu’ils y soient préparés par de bonnes classes de grammaire. Il ferait cesser le scandale trop fréquent de jeunes gens qui se présentent sans vergogne à l’examen de rhétorique quand ils seraient incapables de bien suivre une classe de cinquième.

  1. Si la distinction de deux catégories de collèges devait prévaloir, elle entraînerait naturellement celle de deux certificats, correspondant aux premières classes dans chaque collège et dont l’un serait exigé pour le baccalauréat ès-lettres, l’autre pour le baccalauréat ès-sciences.