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pour tous les détails de ce système d’examens. M. Bréal n’en propose pas l’adoption immédiate et complète ; mais il voudrait qu’on l’essayât dans quelques-uns de nos meilleurs lycées, en laissant subsister le baccalauréat actuel pour les autres établissemens de l’état, de même que pour les institutions libres. Il n’y aurait dans cette différence de traitement aucune atteinte à l’égalité. Le droit comme le devoir de l’état est de constater par les moyens les plus sûrs les résultats de l’enseignement secondaire. Il ne fait tort à personne en appropriant des moyens divers à des situations différentes. Là où il trouve avantage à faire examiner les candidats par leurs propres professeurs, assistés d’un représentant direct de son autorité, il serait absurde qu’il maintint le mode actuel, dont les inconvéniens sont manifestes, sous prétexte qu’il ne serait pas possible d’y renoncer pour d’autres établissemens. L’uniformité est le pire ennemi du progrès ; elle est le principal obstacle aux réformes les plus utiles, devant lesquelles les plus prudens reculent quand il faut les appliquer partout sans en avoir fait l’essai dans des conditions favorables et que de plus hardis entreprennent avec peu de chances de succès, par suite du caractère révolutionnaire que leur donne une généralisation prématurée.

Quelque parti que l’on adopte à l’égard de la transformation du baccalauréat sur le modèle allemand, il appelle encore certaines réformes partielles, qui ne sont pas moins désirables et qui peut-être ne se heurteraient pas aux mêmes préjugés.

Nous voudrions placer au premier rang l’élévation de la limite d’âge. Nulle réforme ne serait mieux justifiée ; mais il est devenu plus difficile que jamais de la réaliser. Elle n’avait autrefois contre elle que le besoin bien ou mal entendu de la préparation aux écoles spéciales. Elle soulèverait aujourd’hui une opposition plus générale en présence des projets qui ont pour but de rendre plus rigoureuse l’obligation universelle du service militaire. Le moment paraîtrait mal choisi pour démontrer aux familles qu’elles doivent laisser leurs fils deux ans de plus au collège quand ils sont menacés de passer trois ans au régiment : la tentation sera, au contraire, de plus en plus forte d’abréger la durée des études classiques et de compenser à leurs dépens le retard qu’auront à subir les études professionnelles. Le mal dont souffre l’enseignement secondaire sera ainsi aggravé et les préoccupations politiques seront venues une fois de plus à la traverse des intentions généreuses que l’on affecte et dont on est, je le crois, sincèrement animé pour le développement de l’instruction publique.

Une autre réforme non moins utile rencontrerait aujourd’hui beaucoup moins de difficultés. L’impartialité pleinement reconnue