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système d’entraînement, que M. de Laprade, dans son Éducation libérale, et M. Jules Simon, dans sa Réforme de l’enseignement secondaire, ont si éloquemment et si justement condamné.

M. Bréal n’est pas moins sévère contre ces pratiques, dont il rend responsable l’organisation de nos examens. Là encore le remède lui paraît indiqué par l’exemple de l’Allemagne. Les études secondaires sont couronnées en Allemagne par un « examen de maturité » qui a passé à peu près par les mêmes vicissitudes que notre baccalauréat, mais qui a trouvé plus tôt des conditions propres à concilier tous les intérêts. Le baccalauréat allemand est vraiment « le dernier terme d’une série d’examens obligatoires, » auxquels il donne leur sanction suprême sans rien leur enlever de leur autorité. Il est subi, comme les examens de passage, dans l’intérieur des gymnases, par les soins des professeurs. Les élèves sont interrogés à la fin de leurs études, comme ils l’ont été à la fin de chaque année classique, non par des étrangers, mais par les maîtres mêmes dont la veille ils suivaient les leçons, qui ont eu tout le temps de bien connaître leurs qualités et leurs défauts, qui savent comment il faut les prendre pour les rassurer et les remettre dans la bonne voie, s’ils se troublent ou s’égarent, mais qui sauraient aussi déjouer, s’ils y avaient recours, les artifices d’une fausse préparation. Cet examen final, s’ajoutant à tous les examens antérieurs, donne ainsi une sincère et complète constatation des études. Il répond, d’un autre côté, aux légitimes exigences de l’intérêt social par la présidence et par le contrôle d’un délégué de l’état, qui non-seulement assiste aux interrogations et prend connaissance des compositions, mais se fait communiquer l’ensemble des notes obtenues par chaque candidat dans le cours de ses études, sur toutes les matières de l’enseignement, même sur celles qui ne sont pas expressément comprises dans le programme spécial de l’examen. Enfin, pour que la liberté d’enseignement ait aussi sa garantie, l’examen de maturité peut être subi dans les établissemens privés comme dans les gymnases publics, sous le même contrôle d’un délégué de l’état autorisé à se rendre compte de tout et armé d’un droit de veto. Ce n’est toutefois qu’un privilège accordé à certains établissemens et qui peut toujours leur être refusé si les études n’y paraissent pas assez fortes. Les autres sont forcés d’envoyer leurs élèves dans les établissemens de l’état, où ils subissent un examen spécial plus complexe et entouré de plus de précautions. Leur condition est celle qui a été faite par notre dernière loi sur l’enseignement supérieur aux facultés libres, dont les élèves subissent leurs examens devant les facultés de l’état.

Nous renvoyons aux Excursions pédagogiques de M. Michel Bréal