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les travaux les plus récens, la solution qui nous paraît la plus désirable.

Il y a quelque chose de fondé dans les regrets qu’ont laissés à beaucoup d’amis éclairés et impartiaux de l’Université les certificats d’études autrefois exigés pour le baccalauréat. Ces certificats étaient une garantie qu’on a eu raison de supprimer dans l’intérêt de la liberté, mais à laquelle on a eu le tort de ne rien substituer dans l’intérêt des études.

Le baccalauréat a pour but de constater les résultats d’une instruction encyclopédique répartie en neuf ou dix années. Il ne devrait être, dit M. Jules Simon, que « le degré le plus élevé d’une série d’examens obligatoires pour le passage d’une classe dans une autre. » Ces examens sont prescrits par les règlemens universitaires, et plus d’une fois cette prescription a été rappelée par des circulaires ministérielles. Elle était à peu près une lettre morte au temps du monopole. On craignait de perdre des élèves en se montrant trop rigoureux, car une liberté de tolérance avait précédé la liberté légale et l’Université avait déjà des concurrens redoutables dans les petits séminaires, dans les institutions privées et dans de prétendues études domestiques attestées par des certificats de complaisance. Il est devenu plus difficile encore, depuis la loi de 1850, de maintenir ou de remettre sérieusement en vigueur les examens de passage. Il faudrait, en effet, les imposer à la fois aux établissemens de l’état et aux établissemens privés : or comment s’assurer dans ces derniers que les examens sont régulièrement et sincèrement faits à l’entrée de chaque classe ? A défaut de cette garantie, qui a toujours été illusoire, il y avait, avant 1850, celle des certificats d’études. Il fallait, pour se présenter au baccalauréat, avoir suivi complètement pendant deux ans les classes de rhétorique et de philosophie dans un collège de l’état. On s’affranchissait, il est vrai, de cette obligation en alléguant des études domestiques, et elle n’était pas d’ailleurs imposée dans toute sa rigueur aux élèves des institutions privées. La garantie toutefois était réelle et sérieuse pour la grande majorité des aspirans au baccalauréat. Actuellement le baccalauréat se suffit à lui-même. Il n’est précédé d’aucune justification. Les examinateurs ignorent les antécédens des candidats et ceux-ci ont même le droit, pour se mettre mieux à l’abri de toute investigation défavorable, de se présenter où ils veulent, partout où siège un jury d’examen, à quelque distance que ce soit du lieu où ils ont terminé leurs études ou de la résidence de leurs parens.

Les choses ne se passent pas ainsi pour des examens beaucoup moins encyclopédiques. Non-seulement l’examen final, en droit et en médecine, est précédé d’une série d’épreuves réparties