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débarrasser leurs portefeuilles, et les administrateurs n’ont plus qu’une préoccupation, prévenir le désastre final et prochain, non par des appels de fonds auxquels il ne serait pas répondu, mais par des réductions de capital et par des fusions. Les actionnaires du Crédit de Paris, de la Banque romaine et du Crédit de France viennent ainsi d’être réunis en assemblées générales pour statuer sur un projet d’absorption des trois sociétés dans une quatrième nommée la Société de dépôt et de crédit. Le Crédit de Paris était dans une situation médiocre, le Crédit de France était absolument ruiné ; quant à la Banque romaine, elle n’avait encore fait qu’une seule opération qui avait été de confier au Crédit de France 15 millions que celui-ci était incapable de lui rendre. De toutes ces misères réunies pourra-t-il sortir un établissement viable, ayant un portefeuille sérieux et des ressources liquides et disponibles ? On en peut malheureusement douter.

Les actions des chemins français et étrangers ont été fort maltraitées. Depuis le 1er juin, le Lyon a perdu 60 francs, le Midi 70, le Nord 65, l’Orléans 40. Depuis le 15 juin, la baisse a été de 42 francs sur le Saragosse, de 30 sur les Lombards, de 25 sur les Autrichiens, de 17 sur le Nord de l’Espagne.

Les titres de la compagnie de Suez n’ont pu se soutenir au niveau où une spéculation constamment, heureuse avait réussi à les pousser. D’une liquidation à l’autre, l’Action et la Part civile ont fléchi de 250 francs. Les cinquièmes de Part civile figurent à la cote officielle au prix de 345 francs.

Le Gaz et l’Omnibus ont reculé : l’un de 25, l’autre de 50 francs ; le Panama de 12 francs. M. de Lesseps a réuni hier les actionnaires du canal de Panama et a obtenu d’eux l’autorisation de contracter un emprunt de 125 millions en 250,000 obligations de 500 francs.

Les assemblées générales des actionnaires du Crédit foncier et de la Banque hypothécaire ont adopté le traité de fusion intervenu entre les deux établissemens. En conséquence, la Banque hypothécaire prononce sa dissolution, et apporte au Crédit foncier une somme de 52,500,000 francs composée de son capital versé, de ses diverses réserves, du compte de profits et pertes de l’exercice en cours et du produit d’un appel de fonds qu’elle devra adresser à ses actionnaires. En représentation de cet apport, dont une partie, 26 millions, doit servir à libérer entièrement les actions anciennes du Crédit foncier, les actionnaires de la Banque hypothécaire reçoivent 50,000 actions nouvelles du Crédit foncier entièrement libérées contre 4 actions de la Banque hypothécaire libérées de 125 francs et une somme qui sera probablement fixée à environ 100 francs.


Le directeur-gérant : C. BULOZ.