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aggravée : C’est à cette situation de la place qu’il faut attribuer la faiblesse de la Banque ottomane au lendemain d’une assemblée générale où la répartition d’un dividende de 37 fr. 50 par action, soit 15 pour 100 du capital versé, a pu être proposée par les directeurs, malgré les difficultés de l’heure présente.

Les rentes françaises ont payé un fort tribut aux mauvaises dispositions qui n’ont cessé de dominer pendant tout le mois de juin. D’une liquidation à l’autre, les deux 3 pour 100 ont baissé de 1 fr. 50 et le 5 pour 100 de 2 francs. La spéculation restreint de plus en plus ses opérations et les capitaux de placement se montrent très circonspects ; aucune activité n’est à signaler dans les achats au comptant. A tort ou à raison, l’épargne se réserve lorsque les cours fléchissent ; les valeurs mobilières n’exercent vraiment leur attrait que lorsque le vent est à la hausse. Aussi le marché est-il absolument morne, et souvent des fluctuations de cours rapides et très étendues sont le résultat de négociations portant sur des quantités insignifiantes de titres. Les banquiers et les établissemens de crédit qui seuls pourraient par leur intervention enrayer la réaction, sont plutôt portés à s’abstenir parce qu’ils ne considèrent plus comme possible un relèvement sérieux du marché avant l’automne prochain et que toute tentative faite en ce moment ne serait que peine perdue.

La Banque de France vient de distribuer à ses actionnaires pour le premier semestre de 1882 un dividende de 165 francs. L’action cependant a fléchi de 325 francs depuis un mois, soit de 160 francs, si l’on tient compte du coupon détaché. Or, si le dividende du deuxième semestre devait être égal à celui du premier, le dividende total représenterait un revenu de plus de 6 0/0, l’action étant cotée 5,200. Mais il est probable que les bénéfices des six derniers mois n’atteindront pas le même chiffre que ceux des six premiers qui ont donné 33 millions pour vingt-six semaines ; la reconstitution de l’encaisse or de la Banque est terminée, puisque le stock de ce métal atteint près d’un milliard, et l’abaissement du taux de l’escompte ne pourra être longtemps retardé.

Presque toutes les institutions de crédit ont reculé, la Banque de Paris de 25 francs, le Crédit foncier de 60 francs, le Crédit lyonnais de 30 francs, le Crédit mobilier de 20 francs, la Société générale et la Banque franco-égyptienne de 10 francs.

Quant aux sociétés de crédit ou plutôt aux maisons financières qui s’étaient créées en si grand nombre depuis deux ou trois ans et dont les émissions de titres et les spéculations à la hausse étaient le seul gagne-pain, la possibilité de subsister devient pour elles chaque jour plus problématique, l’ère des émissions étant close et la spéculation étant aux abois. Aussi les titres de ces sociétés sont-ils tous cotés bien au-dessous du pair rieurs détenteurs cherchent en vain à en