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comme sa propriété. Ils proposaient en outre de donner à cette autorité centrale le droit de lever une taxe sur la capitale en prévision d’entreprises d’une utilité générale (grands travaux de voirie, ponts, etc.) Leur rapport reçut un assez bon accueil, bien que leurs argumens contre une municipalité unique ne parussent pas convaincre tout le monde ; malheureusement il arrivait à un moment où l’attention des chambres était absorbée par la politique étrangère ; la guerre d’Orient ne permettait guère qu’on s’occupât d’une question de réforme intérieure aussi ingrate et aussi complexe.

Ce ne fut qu’en 1855 que le gouvernement se décida à tenir compte de quelques-unes des recommandations de la commission. Le soin de préparer un projet de réforme et d’en assurer le vote par la chambre des communes fut confié à sir Benjamin Hall, président du General Board of health. Au lieu d’une mesure radicale, sir B. Hall s’arrêta à un compromis : il ne créa pas de nouvelles corporations municipales, il respecta la cité, il s’en tint aux divisions territoriales de la loi des pauvres[1]. On lui reproche d’avoir cédé à des scrupules d’ordre religieux, de n’avoir pas été assez indépendant de l’influence de l’église ; autrement il n’aurait pas conservé le système à demi ecclésiastique de paroisses qui sert de base à l’organisation actuelle des vestries. On sait, en effet, qu’en vertu de la loi de 1855, les 23 plus grandes paroisses de Londres furent dotées d’administrations indépendantes (vestries) ; les autres paroisses et localités furent groupées en districts et administrées par des bureaux de district. Le curé et les marguilliers font partie du vestry. Afin de former le Metropolitan Board of works, sir B. Hall avait recours à une double élection : il en faisait élire les membres par les vestrymen et les district boards, qui devaient représenter les contribuables.

La division territoriale de Londres, maintenue par le président du Board of health, fut amèrement critiquée. Les membres représentant Southwark, Lambeth et Marylebone exprimèrent très haut dans la chambre des communes leur désapprobation : les nouveaux districts n’étaient pas investis de fonctions municipales suffisantes ; un pareil système serait plus coûteux que celui qui aurait consisté à créer une dizaine de bourgs municipaux. L’élection indirecte parut une nouveauté en Angleterre et fut peu goûtée. On a beaucoup discuté le mode d’élection des membres du Metropolitan Board of works ; l’opinion s’établit de plus en plus que

  1. Les Poor Law Commissioners en 1839 avaient fait un grand pas vers la systématisation du gouvernement local de Londres en confiant à 39 bureaux de guardians l’administration de la loi qui auparavant reposait sur les autorités de 200 districts distincts.