Page:Revue des Deux Mondes - 1882 - tome 52.djvu/143

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

royaume, excepté à Londres (en dehors de la cité). La loi établissant ces institutions fut votée à la suite du rapport présenté par les commissaires nommés en 1833. S’ils avaient été en mesure de soumettre leur rapport sur Londres en même temps que leur rapport sur les autres corporations municipales, sans aucun doute Londres aurait été comprise au nombre des villes appelées à profiter de la nouvelle législation.

L’adresse de la chambre des communes, votée au commencement de la session de 1835, faisait ressortir l’utilité de placer les corporations municipales sous un contrôle populaire vigilant ; on ne suggéra pas l’idée que la cité de Londres dût être traitée d’une façon différente ni plus douce que les autres. En 1837, les commissaires finirent par présenter leur rapport sur la corporation de Londres. Leurs vues relativement à la nécessité de réformes immédiates étaient absolues et concluantes. « Nous ne trouvons, disaient-ils aucun argument justifiant la ligne de conduite adoptée à l’égard d’autres villes, qui ne s’appliquerait pas avec autant de force à Londres, à moins que la grandeur du changement ne soit considérée comme transformant une difficulté pratique en une objection de principe. » Ils étaient opposés à l’idée d’établir des municipalités séparées, indépendantes, idée qui a paru à certains réformateurs présenter une solution possible de la difficulté. Dix-huit ans devaient s’écouler avant que l’autorité centrale, dont ils recommandaient l’établissement, fût instituée.

Lorsque le rapport fut soumis à la chambre des communes, une modification s’était produite dans les relations des partis, l’ardeur pour la réforme municipale s’était calmée, et d’autres questions attiraient l’attention des esprits : la mesure séparée que lord John Russell avait annoncée touchant l’administration de Londres ne fut jamais présentée ; l’influence de la cité s’exerça afin de l’empêcher, et s’exerça avec succès. La menace de la défection des représentais de la cité, menace dont un ministère qui n’avait que quelques voix de majorité était obligé de tenir compte, et l’élection de lord John Russell comme l’un des membres pour la cité, retardèrent indéfiniment la réforme du gouvernement de Londres. La manière dont l’influence de la cité fut mise en œuvre provoqua l’indignation de lord Brougham ; il la dénonça en 1843 d’une manière très énergique ; il proposa une adresse à la reine demandant à Sa Majesté de prendre en considération le rapport des commissaires relativement à un projet de loi réformant l’organisation de Londres. Il exprima l’opinion que beaucoup de mois ne s’écouleraient pas avant que la réforme fût aussi appliquée à cet abus gigantesque, la corporation de Londres. Il se trompait. Aucune