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intelligente étaient remplis par les vestrymen. Le mode d’élection, la qualification électorale de ceux-ci, variaient d’une paroisse à l’autre. A Hackney, il fallait habiter une maison évaluée à 40 livres sterling (1,000 fr.) par an ; à Bloomsbury, on perdait ses droits si on avait des locataires. A Saint Paul’s Shadwell, le cens électoral n’était que de 10 livres sterling ; à Saint George in the East, il tombait à 24 shillings.

Il y avait une multiplicité étonnante de commissions de pavage et d’éclairage. De Charing-Cross jusqu’à Temple-Bar, sept autorités différentes se partageaient le soin d’entretenir la voirie. Ordinairement il y avait brouille entre elles, et cela n’augmentait pas les facilités du trafic. Parfois la chaussée dépendait d’une commission, le trottoir d’une autre, l’éclairage d’une troisième. Les habitans des paroisses naissantes étaient encore plus malheureux. Lorsqu’un grand domaine était divisé en lots à bâtir, le vendeur influent faisait passer au parlement une loi particulière à laquelle personne ne prenait la peine de faire opposition. Les clauses de cette loi assuraient invariablement l’autonomie complète du nouveau district sans s’inquiéter comment elle affectait les quartiers voisins.

En 1855, dans la paroisse Saint-Pancras, dix-huit commissions distinctes exerçaient une juridiction sur les rues et les maisons. Chacune avait été instituée en vertu d’une loi séparée, les clauses de ces lois n’étaient pas les mêmes. Deux districts, dans le sein de cette paroisse, n’étaient soumis au contrôle d’aucune autorité : ils restaient sans éclairage, les routes étaient défoncées ; dans une autre partie de cette même paroisse, on laissait volontairement tomber en désuétude les pouvoirs conférés par le parlement. Trois fois de suite les habitans s’entendirent afin d’obtenir des chambres un acte général qui s’appliquât à toute la paroisse ; leurs efforts échouèrent ; les droits et les privilèges particuliers l’emportèrent.

En 1817, le Metropolitan general paving Act, connu sous le nom de loi de Michel-Ange Taylor, consolida et systématisa les provisions relatives au pavage et à la voirie contenues dans des lois spéciales. Seulement les effets de cet acte étaient limités aux rues et places publiques de la cité de Londres, de Westminster, du bourg de Southwark, des paroisses de Saint Pancras et de Marylebone.

La réforme parlementaire de 1832 donna des droits politiques aux habitans de Londres qui n’étaient compris ni dans la cité, ni dans Westminster, ni dans Southwark. Cinq bourgs nouveaux furent constitués. C’était un bienfait politique, qui ne changeait rien au chaos dans lequel se débattait l’existence municipale.

En 1835, un grand nombre des villes les plus importantes d’Angleterre furent dotées d’institutions municipales représentatives. Aujourd’hui on trouve de semblables institutions partout dans le