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la simplifiera. Fort heureusement nous ne sommes pas chargés de débrouiller ce grimoire et c’est à peine si, dans cette masse de dispositions, il y en a eu deux ou trois qui rentrent dans notre sujet.

Tels sont les articles 18, 73 et 74 relatifs au personnel des écoles, et l’article 62 relatif à la composition des conseils départementaux.

On sait les services éminens rendus à l’instruction primaire par les instituteurs congréganistes. D’après la dernière statistique officielle, publiée par les soins de M. Bardoux, en 1878, sur 33,851 écoles publiques de garçons, il y en avait 26,984 tenues par des laïques, et 6,867, c’est-à-dire plus du quart, tenues par des congréganistes ; et sur 29,617 écoles publiques de filles, il y en avait 11,107 tenues par des institutrices laïques et 18,510 tenues par des institutrices congréganistes ; soit, au total, pour les deux sexes, 25,378 maîtres et maîtresses congréganistes.

Ce nombreux personnel a-t-il démérité ? En aucune façon. Les rapports officiels eux-mêmes lui sont on ne peut plus favorables. A-t-il perdu la confiance des familles ? Le succès des écoles libres du département de la Seine prouve assez que non. L’entretien en est-il plus onéreux ? Au contraire, il coûte beaucoup moins que le personnel laïque ! Mais, qu’importe 1 il a déplu, le conseil municipal de Paris l’a chassé de ses écoles ; il faut bien que l’état lui ferme les siennes.

Donc, « en principe, — c’est M. Paul Bert qui parle, — le personnel enseignant sera laïque comme l’enseignement lui-même. » Seulement comme l’état ne trouverait pas du jour au lendemain 25,000 sujets, l’épuration se fera par échelles, en commençant par les écoles de garçons, qui devront être laïcisées dans le délai de deux ans à partir de la promulgation de la nouvelle loi.

Quant aux conseils départementaux de l’instruction publique, la réforme proposée consisterait à leur appliquer le traitement adopté pour les autres conseils universitaires, en 1880, c’est-à-dire à en exclure les membres de la magistrature et du clergé qui en font encore partie et à les composer de fonctionnaires publics, dont les uns seraient membres de droit, les autres élus par leurs pairs ou nommés par le ministre, et de deux conseillers-généraux, également nommés par ce dernier. Cela fait, il ne resterait plus trace de la législation de 1850, la sécularisation de l’enseignement serait complète, et M. Paul Bert pourrait enfin se reposer de ses fatigues dans la contemplation de leurs glorieux résultats.

Le projet de M. Waldeck-Rousseau sur les associations vient tout naturellement se placer après ceux de M. Paul Bert. Il s’agit encore ici d’une œuvre de violence, et c’est encore le droit public qui lui sert de prétexte. On voudrait en finir avec les congrégations, et de même qu’il y a trois ans, pour leur enlever la liberté