Page:Revue des Deux Mondes - 1882 - tome 51.djvu/877

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dde toutes. Ni le plus haut ni le plus bas degré d’enseignement, dans ce qui fait leur objet propre, ne soulèvent aujourd’hui de bien vives controverses. L’apaisement s’est déjà fait sur les questions d’enseignement supérieur et dans le temps même où elles étaient débattues avec le plus d’ardeur, la collation des grades était seule en jeu ; on ne discutait ni l’organisation intérieure des facultés ni les. matières de leur enseignement. De très grandes réformes sont réclamées depuis longtemps sur ces deux points ; mais l’accord semble fait entre tous les hommes compétens sur les principes qui doivent présider à ces réformes et les détails seuls peuvent donner lieu à des difficultés sérieuses. L’accord serait également facile sur les questions d’instruction primaire si l’esprit de secte et de parti n’était venu tout compromettre. Les programmes ne sont discutés que dans les parties qui intéressent les passions politiques ou religieuses. Bien peu songeraient même à contester soit la gratuité, soit l’obligation, soit la laïcité elle-même entendue dans le sens, d’un respect sincère de la liberté des consciences : la guerre n’a été allumée que par la transformation de ces principes en armes de combat contre le cléricalisme. Pour l’enseignement secondaire, tout est matière à controverses, non-seulement sur les points qui servent d’aliment aux passions dominantes, mais sur les questions purement pédagogiques : le régime des collèges, la séparation ou le groupement des divers enseignemens, les programmes, les méthodes, les examens. Et ces questions n’intéressent pas seulement les hommes spéciaux : elles s’adressent aux plus vives et aux plus légitimes préoccupations de toutes les familles qui forment, même dans une démocratie, les classes dirigeantes ou, si l’on aime mieux, les couches supérieures de la société. De leur solution dépendent l’éducation de l’esprit national, le progrès des idées et des mœurs, les destinées, en un mot, de la patrie. Quel père de famille éclairé et soucieux de ses devoirs, quel bon citoyen, quel politique avisé pourrait se désintéresser de ces questions ?

Elles ont été éclairées, dans ces dernières années, par de remarquables travaux. M. Gaston Boissier a résumé ici même, dans une substantielle étude, l’état dans lequel elles se présentaient vers la fin de l’empire[1]. Au lendemain de l’avènement du nouveau régime, M. Michel Bréal signalait avec une émotion patriotique l’infériorité de notre enseignement dans le beau livre qu’il intitulait modestement : Quelques Mots sur l’instruction publique en France[2]. Il vient de reprendre le même sujet dans un autre ouvrage, non

  1. Voyez la Revue du 15 août 1869.
  2. Quelques Mots sur l’instruction publique en France. 3e édit., Paris, 1873 ; Hachette.