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grands réseaux qui existent encore aujourd’hui. On en avait composé un septième au profit de la compagnie du Grand-Central, qui n’a pas tardé à se liquider. Le système des fusions, qu’on accusa plus tard d’avoir créé des monopoles nuisibles au commerce, produisit à bref délai les meilleurs résultats. C’est, en effet, par la concentration des forces particulières que les capitaux privés fournis en abondance ont achevé l’œuvre commencée par l’état, de même que c’est par l’administration uniforme de sociétés similaires que de grandes facilités de circulation et qu’un abaissement notable des tarifs ont été obtenus. Grâce à ces fusions, le gouvernement lui-même a pu exercer sur l’exploitation des chemins de fer un contrôle et une surveillance mieux définis. Tout d’abord il a réduit dans une forte proportion ses propres dépenses. De 1852 à 1858, sa part dans les sommes dépensées pour la construction des chemins de fer n’a plus été que de 2,700,000 francs, tandis qu’à la fin de 1851, il avait consacré à cette même œuvre 880 millions contre 580 seulement fournis par les compagnies.

La constitution des grands réseaux date de 1852, le régime des conventions a été inauguré en 1858. Une certaine lassitude n’avait pas tardé à suivre le grand effort tenté par les nouvelles compagnies et leur position financière paraissait même gravement altérée. La liquidation prématurée de la compagnie du Grand Central, premier symptôme de cette faiblesse, pesait lourdement sur les sociétés qui s’en partageaient les dépouilles. Plusieurs mauvaises récoltes successives préparaient une crise que la trop prompte exécution de grands travaux publics ne manquerait pas de précipiter. Pour ne pas les arrêter, pour leur donner même un plus vif essor, le gouvernement proposa et les chambres adoptèrent de nouveaux traités avec les grandes compagnies, dont le principe et les conséquences n’ont jamais été mieux exposés que dans de brèves paroles prononcées devant la chambre des députés par le directeur-général des ponts et chaussées et des chemins de fer, M. de Franqueville. En répondant à une attaque dirigée contre des conventions déjà mises en vigueur depuis quelque temps, le commissaire du gouvernement exposait qu’en 1859 les lignes de fer se divisaient en deux réseaux : l’ancien, comprenant les concessions primitives, fructueuses et rémunératrices pour ceux qui les exploitaient, et le nouveau, formé de lignes moins productives ajoutées ou à ajouter aux anciennes. L’ancien devait se suffire à lui-même : au nouveau, dont sans un secours de l’état l’exécution ne pouvait être poursuivie, on accordait une garantie destinée à couvrir l’intérêt et l’amortissement du capital fourni par les sociétés mêmes. Une annuité de 4.85 pour 100 suffisait à ce double but.

Mais il fallait éviter que les compagnies ne fissent profiter