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de rentes, 5, 4 1/2, 4 et 3 pour 100[1]. Que l’on ajoute aux six grands réseaux les sociétés formées pour l’exécution des lignes secondaires et des chemins locaux, dont les titres, principalement placés en province, y jouissent d’une grande notoriété, et l’on concevra sans peine quelle popularité s’attache à cette nature de valeurs. Quand on s’est habitué à constituer sous un certain mode le capital qui aide à travailler, à vivre, à organiser l’avenir, à pourvoir aux besoins de la famille, toute altération possible de ce mode préféré, tout changement dans la fortune des sociétés ainsi constituées éveillerait des craintes universelles qu’il est sage de prévenir.

La question du régime des chemins de fer, de leur exploitation, de leur rachat, soulevée tout récemment et devenue bien vite l’objet de vives controverses, paraît donc de celles qui, pour les possesseurs de la fortune mobilière, offrent un intérêt de premier ordre ; actionnaires et créanciers des compagnies de chemins de fer, tous se sentent touchés par des projets qui atteindraient directement ou indirectement les valeurs dont ils jouissent. Quoique l’intérêt général, supérieur à cet intérêt particulier, assuré en définitive de ne pas être violé, s’impose de préférence aux préoccupations du gouvernement et des chambres, on ne saurait néanmoins négliger dans les résolutions à prendre ce côté secondaire d’un problème qui, dans le temps où nous sommes, sera plus ou moins bien résolu, selon que l’opinion publique obéira à des idées justes ou à des mouvemens irréfléchis. Il y a peu de temps encore, lorsque M. Allain-Targé était ministre des finances, on semblait toucher au moment où le régime de nos chemins de fer, sinon en totalité, du moins en partie, allait subir une grande transformation : l’avènement au pouvoir de M. Léon Say et les explications très catégoriques qu’il a données à ce sujet, la formule adoptée par lui : Ni émission, ni conversion, ni rachat, la convention nouvelle qu’il a signée avec la compagnie d’Orléans et qui peut servir de modèle à d’autres, permettent d’espérer que les choses resteront à peu près dans leur état actuel et qu’il sera possible, sans le bouleverser, d’y introduire de sérieuses améliorations. Il ne faut pas toutefois se dissimuler que certaines

  1. RENTES FRANÇAISES.

    5 0/0 Arrérages 343,348,602 fr. Capital nominal 6,866,972,040 fr.
    4 1/2 « 37,442,486 « 832,655,200
    4 0/0 « 446,096 « 11,152,400
    3 0/0 « 362,699,315 « 12,089,977,100
    3 0/0 Amortissable ancien 19,496,370 « 439,878,547
    3 0/0 Amortissable nouveau 33,667,960 « 1,000,000,000
    Total 797,100,829 fr. Total 21,240,035,287 fr.