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sensiblement inférieurs aux cours de compensation du commencement du mois. La situation financière ne comportant pas plus que la situation politique une amélioration immédiate, le maintien du statu quo paraît être l’unique espoir de la spéculation. Il est évident que si le monde financier ne pensait pas que des négociations engagées à Constantinople sortira une solution prompte et pacifique de la crise égyptienne, la baisse ferait de rapides progrès.

Les fonds étrangers ont été mieux tenus que les nôtres. Si le 5 pour 100 Turc a perdu 30 centimes, l’Italien en a gagné 75 et l’Extérieure 50. Il se traite si peu de fonds russes, autrichiens et hongrois qu’il n’y a aucune signification à attacher aux cours cotés. L’obligation unifiée d’Egypte a monté parce que l’intervention européenne sur les bords du Nil signifie pour les porteurs de titres : rétablissement du contrôle et maintien de toutes les garanties dont a été entouré le service de la dette. Mais le cours de 355, qui a été d’ailleurs dépassé un moment de 10 francs, paraîtra encore très élevé à ceux dont les préoccupations sur le sort de l’Egypte portent au-delà des deux ou trois prochaines liquidations.

Les actions des chemins français ont été plus offertes que demandées. Le départ définitif de M. Léon Say provoquerait un gros mouvement de baisse sur ces valeurs. L’incident parlementaire de ces derniers jours a servi d’avertissement. Les opérations des arbitragistes sur les Autrichiens et les Lombards ont également fait fléchir ces titres de quelques francs.

Les actions des établissemens de crédit sont toujours très négligées ; la spéculation les délaisse, et l’épargne les redoute. Même les meilleures n’obtiennent pas encore un retour de faveur. La conclusion définitive des arrangemens pour la fusion du Crédit foncier et de la Banque hypothécaire a fait avancer les deux titres de 15 francs environ. Les conseils d’administration des deux sociétés ont approuvé le projet de traité, et les assemblées seront réunies en juin pour sanctionner l’accord.

La Banque d’escompte a réuni cette semaine ses actionnaires et leur a proposé un dividende de 22 francs, résultat encore très satisfaisant après une crise aussi violente et qui constitue un rendement de 10 pour 100 sur le prix actuel de l’action. Le Crédit lyonnais reste immobile, et la Société générale recule lentement. La Banque de France, poussée trop vite et sans motif suffisant à 5,500, a reculé à 5,300. La Banque de Paris est très ferme au-dessus de 1,200 francs.

Les valeurs de la compagnie de Suez sont restées stationnaires cette quinzaine. L’action du Gaz a été portée avec vivacité à 1,650 sur la nouvelle que la compagnie et la municipalité se seraient enfin rencontrées sur un terrain de conciliation. L’Omnibus et les Voitures n’ont donné lieu qu’à très peu d’affaires. Le Panama est tenu avec