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Pour nous consoler un peu de ce sombre tableau, envisageons les départemens où se constate un excédent des naissances. Il en est un qui, à ce point de vue, se trouve extrêmement favorisé : c’est le département du Nord, un des plus riches, et, à coup sûr, le plus fécond de la France.

De 1826 à 1876 il y a eu dans ce département, un excédent des naissances sur les décès de 450, 905. Si les quatre-vingt-sept autres départemens avaient présenté un semblable accroissement, la population de la France aurait doublé en cinquante ans.

Voici les chiffres indiquant les excédens des naissances sur les décès ; d’une part en cinquante ans, d’autre part en 1878, Nous n’inscrivons ici que les départemens ayant présenté un excédent de plus de 2,500 en 1878 :


Départemens De 1826 à 1876 En 1878
Nord 450,905 17,118
Seine 201,938 6,333
Pas-de-Calais 192,711 6,842
Loire 183,772 3,302
Finistère 166,536 6,102
Côtes-du-Nord 153,249 4,300
Saône-et-Loire 151,599 3,968
Loire-Inférieure 133,848 3,195
Aveyron 114,402 2,627
Allier 107,663 3,450
Morbihan 99,277 4,800
Ille-et- Vilaine 81,983 3,222
Landes 80,850 3,244
Haute-Vienne 72,162 3,275
Corrèze 71,156 2,783
Dordogne 68,883 2,526

Il faut de ce tableau éliminer le département de la Seine, car l’excédent de la natalité est factice. Il vient de province quantité d’individus âgés de dix-huit à quarante ans dont la mortalité est faible, et qui sont précisément d’âge à se marier et à avoir des enfans. Beaucoup de provinciaux viennent d’avoir des enfans à Paris et leurs enfans vont mourir en province. Ainsi la position élevée du département de la Seine, au point de vue de la natalité, dans la hiérarchie des divers départemens de la France, est tout à fait factice, et il convient de l’éliminer de la liste des départemens qui présentent un excédent des naissances. Il reste donc en premier lieu les deux départemens de l’Artois et de la Flandre, le Nord et le Pas-de-Calais,