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perce les montagnes qui se trouvent entre Gabès et Sfax, la mer se précipitera dans les chotts de la Tunisie et de l’Algérie. Elle pénétrera ainsi de chott en chott jusqu’au grand chott Mel-Rir, qui forme les limites orientales de l’Oued-Rir. Les oasis de cette région seront alors sur le littoral même, ce qui entraînera évidemment des facilités beaucoup plus grandes pour le commerce. Quoi qu’on en ait dit, les palmiers croissent très bien sur le rivage marin, comme l’indiquent les exemples de Gabès, de Sfax, de Tripoli, etc. Mais je renvoie pour plus amples détails au mémoire que vient de publier M. Roudaire sur ce sujet, dans les Archives des missions scientifiques[1]. Qu’on sache seulement que les indigènes de l’Oued-Rir en ont entendu parler, qu’ils questionnent les voyageurs à ce sujet, qu’ils fondent sur cette idée d’une mer intérieure des espérances peut-être exagérées. Assurément ce serait leur donner une grande idée de la puissance et de l’industrie françaises que d’exécuter cet admirable projet.

Quoi qu’il arrive, grâce aux efforts de la France, dans peu de temps l’Oued-Rir aura pris un tout autre aspect. Des puits nouveaux, donnant des quantités d’eau énormes, apporteront la fertilité et la richesse. Les écoles permettront aux Arabes de parler les élémens de la langue française, et enfin le chemin de fer, reliant les oasis les unes aux autres et à la côte méditerranéenne, permettra l’échange facile des produits de la terre et diminuera dans des proportions énormes les frais de transport. Le voyage de Philippeville à Tougourt, qui ne peut guère maintenant Dürer moins de huit à neuf jours, pourra, sur la voie ferrée, être accompli en moins de vingt-quatre heures. Je ne doute pas que ces belles choses seront. Mais, pour qu’elles soient, il faut que tous, Français soucieux du développement de l’Algérie, nous réunissions nos efforts pour réaliser des progrès qui intéressent non-seulement l’Algérie, mais la France.


CHARLES RICHET.

  1. Voir aussi le travail de M. Roudaire dans la Revue du 15 mai 1874.