Or, en 1932, à supposer que rien ne soit changé dans la vie sociale de ces nations, à supposer que l’accroissement de la population dans chacun de ces pays suive la même marche que depuis vingt ans, voici quels seront les chiffres de la population[1] :
États-Unis | 190 millions d’hommes. |
Russie | 158 » |
Empire d’Allemagne | 83 » |
Grande-Bretagne | 63 » |
Autriche-Hongrie | 51 » |
France | 44 » |
Italie | 44 » |
Donc, alors que nous sommes maintenant, pour la population, à peu près sur le même rang que les grandes nations de l’Europe, dans cinquante ans, si rien n’est changé, nous ne serons plus qu’au sixième rang, et à une distance immense des États-Unis, de la Russie, de l’Allemagne et de l’Angleterre.
Et si nous comparons, hélas! cette Europe du XXe siècle à l’Europe du XVIIIe siècle, quel contraste! Alors, en effet, la France occupait, par sa population, le premier rang[2],
Empire germanique (Autriche et Prusse) | 28 millions d’hommes. |
France | 26 » |
Russie | 25 » |
Angleterre | 12 » |
États-Unis | 3 » |
Si nous résumons ces faits et ces hypothèses dans un tableau d’ensemble, nous pourrons mettre en pleine lumière la comparaison de l’état actuel avec l’état de 1789 et celui de 1932 :
- ↑ Nous ne pouvons entrer ici dans l’explication très technique des calculs nécessaires pour arriver à ces conclusions. C’est par la même méthode qu’on calcule l’intérêt composé d’une somme P au taux R. d’intérêt à la fin d’un nombre N d’années. M. Bertillon pense que ces calculs sont trop hypothétiques pour être introduits dans la science. Certainement ils exigent des hypothèses ; mais elles sont cependant assez légitimes, à mon sens, pour être admises. À ce compte on ne pourrait rien prévoir, et il faudrait se contenter d’enregistrer les faits passés. Or il est bien important, sinon de pénétrer l’avenir, ce qui n’est permis à personne, au moins de faire des suppositions vraisemblables sur l’avenir.
- ↑ Note sur la situation faite à la France parmi les grandes puissances, par M. Levasseur (Annales de démographie internationale, 1879, n° 11).