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Quoique l’excédent des naissances sur les décès ait toujours été très considérable dans l’Amérique du Nord, c’est cependant par l’immigration européenne qu’a pu augmenter dans des proportions aussi formidables la population de l’Amérique. En quinze ans, l’Europe a fourni à l’Amérique environ quatre millions d’hommes, environ 250,000 individus par an, principalement des Irlandais et des Allemands.

Nous n’avons pas à insister sur les dangers que fait courir à la prospérité et à la sécurité de l’Europe cette puissance colossale, grandissant chaque jour. Pour le moment, constatons seulement que ce n’est pas l’émigration française qui augmente la population des États-Unis.

En effet, l’émigration française, soit aux États-Unis, soit dans les autres pays du monde, ne joue qu’un rôle assez peu important, comme le démontrent les chiffres suivans, indiquant le lieu de destination et le nombre des émigrans français :


ÉMIGRATION FRANÇAISE.


En 1877 De 1864 à 1875
Buenos-Ayres[1] 917 20,792
Algérie 890 »
États-Unis 550 8,794
Espagne 318 3,014
Montevideo 159 6,436
Brésil 127 1,883
Antilles espagnoles 50 814
Chili 52 616
Canada 48 854
Venezuela 46 1,050
Égypte 21 961
Turquie 7 419
Autres pays 481 2,230
Ensemble 3,666 60,245

Mais il faut évidemment déduire de ce chiffre l’émigration qui se fait soit au Canada, soit en Algérie. En effet, dans ces deux pays, les émigrans se trouvent encore en terre française, ou du moins ils peuvent parler leur langue maternelle. Le chiffre total de l’émigration

  1. On remarquera que presque toute l’émigration française, est dirigée vers l’Amérique espagnole. Il y a là, en effet, à Buenos-Ayres, à la Plata, au Brésil, une colonie de Basques, qui s’accroît, quoique assez lentement, chaque année. Depuis quelque temps un journal français intitulé : l’Union française, se publie à Buenos-Ayres. Il y a là un commencement d’influence, qu’il serait bon de développer, au lieu de faire effort pour diminuer l’émigration.