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DECÈS HEBDOMADAIRES DE LA VILLE DE PARIS.


935 920
947 1,034
832 960
881 1,037
1,001 1,036
Moyenne, 958.

Le plus grand écart de la moyenne est 116, soit d’un neuvième seulement.

Cette régularité surprenante est un fait de la plus haute importance. Si le hasard était le souverain maître, nulle constatation scientifique ne serait possible. Il faudrait se résigner à ne rien étudier et à ne rien connaître. Au contraire, puisque le phénomène est régulier, normal, constant, il est permis de le soumettre à l’étude et de l’analyser, d’établir des conclusions générales, de trouver des exceptions, des anomalies, et d’en rechercher les causes. La science qui étudie ces lois existe : elle a une importance extrême dans la vie des peuples. M. Gaillard lui a donné en 1855 le nom de démographie, et ce nom doit lui être conservé. Il me semble que peu de sciences ont un attrait aussi grand. Certes, il est utile d’étudier l’origine des langues aryennes, la mythologie du Zend-Avesta, le développement des spongiaires, la classification des conifères, ou les combinaisons du chlore avec les alcools. Mais quel intérêt plus puissant à l’examen des lois qui régissent le développement d’un peuple ! Les questions sociales que notre siècle a soulevées ne pourront être résolues, même partiellement, que si l’on a, au préalable, analysé par les méthodes précises de la statistique démographique les conditions de l’existence d’un peuple. On peut, sans être prophète, prédire que la démographie, qui est tout à fait à ses débuts, acquerra bientôt une autorité extrême dans toutes les discussions politiques ou sociales[1].

Quoi qu’il en soit, pour revenir au sujet qui nous occupe, nous constatons dès maintenant un fait fondamental: c’est, pour une grande agglomération d’hommes, la constance dans les chiffres qui expriment les naissances ou les décès.

  1. Il me sera permis, à ce propos, de formuler un vœu. Le Collège de France, d’après la nature même de cette excellente institution, est une porte toujours ouverte aux études et aux sciences nouvelles. Ne serait-il pas opportun de créer une chaire de démographie? Cette création serait assurément, pour le professeur comme pour les élèves, le point de départ d’une série de travaux très utiles. C’est la démographie qui doit être, désormais, la base de l’économie politique.