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fort possible que telle semaine, il n’y eût presque pas de naissances, alors que la semaine suivante il y en eût vingt fois plus. Or, de fait, les choses ne se passent pas ainsi : le nombre des naissances, dès que les chiffres portent sur une population tant soit peu nombreuse, est très fixe[1].

Prenons pour exemple les naissances de la ville de Paris, et nous verrons que chaque semaine leur nombre ne varie que dans des proportions minimes, ce qui permet, par conséquent, d’établir des moyennes très exactes.

Voici les chiffres exprimant le nombre des naissances à Paris dans dix semaines consécutives de l’année 1881. On verra que tous ces chiffres sont très voisins.


NAISSANCES HEBDOMADAIRES DE LA VILLE DE PARIS.


1,126 1,161
1,165 1,174
1,249 1,015
1,148 1,164
1,158 1,220
Moyenne, 1,158.

Le plus grand écart de la moyenne est 143, c’est-à-dire d’un neuvième seulement.

Si nous prenons le chiffre des décès hebdomadaires de la ville de Paris pour les semaines correspondantes, nous trouvons des chiffres qui sont aussi très voisins les uns des autres.

  1. Parmi les ouvrages à consulter sur les questions qui nous occupent ici, nous citerons en premier lieu les documens officiels, comme la Statistique annuelle de la France, et les documens statistiques publiés par les divers ministères, les Annuaires, le Journal de statistique, etc. M. Chervin publie depuis 1877 un excellent journal trimestriel, Annales de démographie internationale, qui a rendu et rendra encore de très grands services à la science des peuples. M. Bertillon, qui dirige depuis deux ans le Bulletin hebdomadaire de statistique municipale, a publié d’excellens articles (Art. Mortalité, art. France) dans le Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales. Le même auteur vient de publier l’Annuaire statistique de la ville de Paris pour 1882. Mais nous n’insisterons pas, ainsi que l’ont fait avec raison les savans dont nous analysons les ouvrages, sur beaucoup de détails techniques, trop techniques pour intéresser les lecteurs de la Revue. Nous adopterons les chiffres officiels, tels qu’ils nous sont donnés, quoique ils présentent parfois des lacunes et des erreurs. La statistique est une science très complexe et très difficile. Il nous suffira ici de présenter les résultats généraux auxquels elle a conduit, sans entrer dans la discussion des méthodes