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Et il fit, en effet, ce qu’il put pour rire ; mais il n’y avait pas beaucoup de quoi, les plus fortes plaisanteries de la pièce roulant sur le Ouf! d’Arnolphe, et le le d’Agnès. Ah ! sur ce le nos gens sont intarissables. Ce le, dit la précieuse de Boursault :


... C’est une chose horriblement touchante;
Il m’a pris le... ce le fait qu’où ouvre les yeux.

LE COMTE.

Oui ce le, Dieu me damne est un le merveilleux.

ORIANE.

A le revoir pour moi je serai toute prête.
Ce le toute la nuit m’a trotté dans la tête.
Ma chère, aussi, ce le charme tous les galans.

LE COMTE.

En effet, j’en vois peu qui ne donnent dedans.
La beauté de ce le n’eut jamais de seconde.

CLITIE.

Il est vrai que ce le contente bien du monde,
C’est un le fait exprès pour les gens délicats.


Après le Portrait du peintre, et presque en même temps, parut le Panégyrique de l’École des femmes ; un acte en prose, qui est, paraît-il, d’un certain Robinet, gazetier comme Loret. La pièce, sournoisement hostile à Molière, n’ofire de remarquable que la théorie d’un de ses personnages qui bat en brèche l’École des femmes en soutenant que c’est une pièce tragique, à cause du désespoir final d’Arnolphe.

Dans une autre pièce encore, la Guerre comique, on donne une seconde raison du caractère tragique de l’École des femmes : c’est la mort du petit chat, qui ensanglante la scène.

Cependant, Molière avait publié, à l’occasion de sa pension, le Remerciement au roi, qu’on trouve dans ses œuvres, en tête ou en queue de la Critique ; un morceau pétillant, d’un entrain de gaîté qui ne respecte rien. Le roi. que cette guerre de plume amusait comme une autre, lui commanda une réplique à la pièce de Boursault, et Molière l’improvisa en moins de huit jours.

On sait que sa facilité était admirable ; il y en a dans le registre de La Grange un exemple curieux, qui semblerait faire remonter jusqu’à lui l’invention de ce qu’on appelle au théâtre les scandales, si le scandale n’était par essence aussi ancien que le théâtre même. On jouait un jour, par ordre, à Versailles, une pièce de Mme de Villedieu, — cette aventurière, fameuse par ses deux maris bigames et par ses duels, et qui avait été, en un temps, de la troupe même de