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résistans, desservi par une dérivation que l’on pourrait arrêter par le jeu d’une simple vanne quand le bassin serait suffisamment rempli, sans jamais laisser déborder le trop plein sur ses digues de pourtour ?

Or ces conditions idéales d’établissement des réservoirs de retenue, le procédé d’effondrement dont je propose aujourd’hui l’application au projet de fertilisation des Landes nous permet d’en obtenir la réalisation certaine, sans nouveaux frais autres que ceux de l’opération principale, qui sont eux-mêmes des plus minimes.

Pour faire comprendre en quoi consiste ce procédé, je me suppose au point d’attaque projeté des coteaux pyrénéens, à une altitude de 350 mètres; derrière moi se déroule un canal torrentiel muraille pouvant porter sur les Landes ou jusqu’à la mer les eaux limoneuses produites. En avant se dressent les premiers talus du plateau argilo-marneux dans lequel je veux opérer ma fouille, se relevant graduellement jusqu’à l’altitude extrême de 650 mètres, qui est celle du canal d’amenée qui doit me fournir les eaux motrices. En prolongement du canal de fuite, je commence à ouvrir une galerie de mine ordinaire pénétrant dans le flanc du massif, aussi loin que je peux atteindre, sans trop de difficultés d’aérage, à un kilomètre, pour fixer les idées, et se terminant en ce point par une galerie remontante ou puits vertical rejoignant la surface du sol à une hauteur de 100 mètres au-dessus de son point de départ.

Si dans l’orifice supérieur de ce tuyau coudé, débarrassé de tout boisage protecteur, je fais déboucher toute l’eau dont je puis disposer, 10 à 12 mètres cubes par seconde, il est bien évident que le courant de l’eau, animé d’une grande vitesse, enlevant à mesure les éboulemens qui se produiront au plafond et sur les parois de la galerie, la minant de droite et de gauche, élargissant incessamment son ouverture, déterminera un effondrement général plus ou moins long à se produire, mais qui ne pourra s’arrêter que lorsqu’il aura atteint la surface du sol, quelle que soit la profondeur du puits. in tout cas, passant en dessous, si la galerie résiste, en dessus, mais sur des terres éboulées, si l’effondrement la comble accidentellement, le courant dont je dispose se maintiendra nécessairement sur l’axe d’effondrement, déterminant la formation d’une étroite vallée à parois abruptes dont le plafond sera toujours celui de la galerie primitive. Le fond de cette première fouille, régularisé et maçonné, pourra servir de nouvelle tête au canal torrentiel, permettant de diriger de nouvelles galeries d’effondrement de même nature, soit à l’avant si l’on veut s’enfoncer plus profondément dans le massif, soit latéralement si l’on désire étendre la fouille en largeur. En somme, on pourra donner à cette fouille telle forme, telles