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SOUVENIRS LITTÉRAIRES



NEUVIÈME PARTIE[1].


XVII. — LE DÉCRET DU 17 FÉVRIER.

Si M. Génie, chef du cabinet de M. Guizot au ministère des affaires étrangères, a laissé des Mémoires, on y trouvera sans doute le récit de certaines négociations qui servirent de préliminaires au coup d’état du 2 décembre 1851. Souvent je lui ai entendu raconter les péripéties d’une sorte de mission secrète dont il avait été chargé par le prince Louis-Napoléon auprès de hauts personnages que je n’ai pas à nommer. Des souvenirs que M. Génie détaillait avec complaisance, il résulterait que le coup d’état, arrêté en principe dans la pensée du président, devait être d’abord une simple révolution parlementaire, mais que, sous l’influence de conseils écoutés, le plan s’était peu à peu modifié et avait abouti à une action militaire suivie d’un gouvernement personnel.

L’affaire fut violente ; le premier jour, Paris resta presque indifférent ; le second jour, on s’étonna, et il y eut quelque velléité de fronde ; le troisième jour, qui était le jeudi, on s’émut et, dans les ondulations de la foule, on put reconnaître les symptômes d’un soulèvement prochain. La répression, — ou l’agression, — fut brutale ; les soldats, lâchés sur le boulevard, tirèrent au hasard et à toute

  1. Voyez la Revue des 1er juin, 1er juillet, 1er août, 1er septembre, 1er octobre, 1er novembre, 1er décembre 1881 et 15 janvier 1882.