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D’après le code pénal italien, les étrangers déclarés vagabonds par les tribunaux sont expulsés du royaume et condamnés, s’ils y rentrent, à un emprisonnement qui peut être d’une année. Il en est de même des étrangers condamnés pour vol à main armée sur les grands chemins, pour extorsion (estorsione violenta), pour rapine (rapina), vol, escroquerie, appropriation indue ou tout autre délit portait atteinte à la propriété. Quinze jours avant l’expiration de la peine, le ministère public doit avertir l’autorité politique, afin qu’elle puisse expulser ces condamnés et les faire conduire à la frontière. Le projet de code pénal présenté par le ministre Mancini permet, en outre, l’expulsion des étrangers condamnés à des peines criminelles ou correctionnelles qui entraînent la surveillance de la haute police. L’expulsion peut être encore opérée par les autorités à la frontière italienne, quand elles surprennent un individu, déjà renvoyé du pays, qui tente d’y rentrer ou quand elles conçoivent à son sujet des soupçons motivés par l’absence de papiers ou de documens propres à justifier son « identité. » Enfin l’étranger peut être expulsé par l’autorité politique « pour des raisons d’ordre public. » Il importe peu que l’article 3 du code civil italien lui accorde la jouissance des droits civils accordés aux Italiens eux-mêmes. Ainsi que l’explique très bien l’éminent professeur Pasquale Fiore, le code civil a pour objet de régler les rapports entre particuliers, non ceux qui existent entre les habitans de l’état et la souveraineté. L’étranger peut sans doute, en vertu de cet article 3, exercer tous les arts et toutes les industries, acquérir, aliéner, ester en justice, etc., mais sans que ses rapports avec la souveraineté nationale soient pour cela modifiés. Dès lors cette souveraineté peut toujours décréter l’expulsion de l’étranger quand la sûreté générale ou les besoins urgens de l’administration publique le commandent. Si, par là même, l’expulsé perd accidentellement la jouissance des droits civils, dont la condition nécessaire est la résidence en Italie, c’est que, dans l’esprit même du code, l’étranger, pour jouir de ces droits, doit, avant tout, avoir gardé la faculté de résider dans le royaume. C’est ainsi qu’on raisonne dans le pays monarchique le plus imbu d’idées et de sentimens démocratiques qu’il y ait en Europe.

En Espagne, l’expulsion des étrangers est réglée par la loi de 1852 (art. 13, 14, 15, 16) et par l’ordonnance royale de juin 1858 (art. 3, 4, 9, 11 et 15). D’après la loi, l’étranger qui s’introduit dans le royaume sans présenter un passeport peut être condamné par les autorités, « comme désobéissant, » à une amende de 100 à 1,000 réaux et expulsé du territoire par un acte du gouvernement. Quand un étranger arrive sans passeport régulier dans un port ou dans une ville de la frontière, il peut être détenu par les autorités