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LA
PASTORALE DANS THÉOCRITE

I.
LES IDÉES ET LES FORMES BUCOLIQUES.

Le goût de l’idylle ne paraît menacé de périr ni en France, ni ailleurs. Et cependant Dieu sait par quelle abondance de production il a cherché à se satisfaire depuis que la renaissance a repris ce genre de l’antiquité ! C’est un vaste et inépuisable sujet qui se renouvelle en se transformant chez les divers peuples et aux âges divers ; fort intéressant, malgré l’impression générale de fadeur qui se dégage de la masse, et fort instructif pour l’histoire du goût et des mœurs dans chaque pays. De grands noms, ceux du Tasse, de Milton, de Goethe, le dominent à l’étranger. L’Italie, l’Espagne, l’Angleterre, l’Allemagne y apportent chacune leur esprit, leur caractère et le mobile reflet des états successifs de la société. Pour ne parler que de nous, quelle variété de formes et quelle richesse depuis Ronsard et Racan jusqu’à nos jours ! La pastorale ne fleurit pas seulement dans la poésie légère ; elle s’introduit aussi au théâtre et dans le roman. Elle remplit l’Astrée, et de là étend à travers tout le xviie siècle son inaltérable galanterie jusqu’à Fontenelle et Lamotte. À la fin du siècle suivant, de même qu’elle avait fait les délices de la petite cour de Sceaux, elle fournit aux caprices de Marie-Antoinette les élégantes bergeries de Trianon ; et bientôt après, en pleine Terreur, elle se glisse dans les niaises platitudes du théâtre de la