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ÉTUDES DIPLOMATIQUES

LA PREMIÈRE LUTTE DE FRÉDÉRIC II ET MARIE-THÉRÈSE
D’APRÈS DES DOCUMENS NOUVEAUX



VII[1].

PAIX DE BRESLAU. — FRÉDÉRIC ABANDONNE LA FRANCE.


Belle-Isle, repartant pour Francfort avant de se rendre à son nouveau poste, ne manqua pas, dans l’orgueil du triomphe, de donner connaissance à Frédéric des dispositions qu’il se vantait d’avoir provoquées et qu’il croyait faites pour lui être agréables. Seulement il est douteux que le roi, recevant cet avis au moment où il quittait lui-même la Moravie un peu déconfit, y trouvât une consolation suffisante de son mécompte et même un sujet de satisfaction sans mélange.

Jamais, au contraire, son humeur n’avait été plus noire que dans les jours qui suivirent sa rentrée dans ses quartiers de Bohême. Valori, bien qu’accoutumé à ses caprices, était effrayé de son état d’esprit, et avec moins de finesse que d’habitude, il attribuait cette disposition, subitement devenue farouche, au remords qu’un prince devait éprouver d’avoir imposé sans profit à son armée et à des populations innocentes les souffrances d’une campagne conduite avec une rigueur impitoyable. « Son regard, écrivait l’ambassadeur ému à Belle-Isle, est celui d’un réprouvé… Je vis alors, disait-il

  1. Voyez la Revue du 15 novembre et du 1er décembre 1881, du 1er et du 15 janvier, du 1er février et du 1er mars 1882.