Page:Revue des Deux Mondes - 1882 - tome 50.djvu/245

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il faut donc que les opérations à terme soutiennent l’action bienfaisante exercée par les capitaux de placement et que la spéculation reprenne son rôle naturel dans le mouvement des transactions. Mais il n’en sera ainsi que lorsque la confiance, ce grand levier des affaires, aura été rétablie, c’est-à-dire lorsque la reconstitution du parquet sera un fait accompli, lorsque les agens de change n’en seront plus réduits à se demander quels sont, parmi leurs collègues, ceux avec lesquels il est encore prudent de traiter. La chambre syndicale s’occupe de la question délicate de la liquidation des Charges qui doivent forcément changer de titulaires. Quant à la coulisse, restera-t-elle paralysée tant que n’aura pas été tranchée la question de la validité ou de la non-validité de l’émission des actions nouvelles de l’Union générale ? Ce serait bien longtemps attendre, et on peut croire que ce marché libre, où se négociaient tant d’affaires en valeurs internationales, ne tardera pas, lui aussi, à sortir de sa torpeur.

La bonne tenue de nos fonds publics et des valeurs à revenu fixe qui participent à la grande faveur comme à la grande sécurité des placemens en rentes a été le fait capital du mois de février. Les cours relativement bas cotés au commencement du mois et qui résultaient de la facilité avec laquelle la spéculation pouvait se créer des ressources en réalisant les fonds publics, ont appelé les capitaux disponibles, qui se sont tournés vers la rente comme vers le seul refuge où l’on pût se trouver à l’abri de toute inquiétude. Aussi le 3 pour 100 ancien et l’amortissable se sont-ils relevés de plus de deux points, et le 5 pour 100 s’est-il relevé au-dessus de 115 francs.

A mesure que le marché se raffermira et reprendra son assiette, la faveur dont jouissent à bon droit nos fonds publics, ainsi que les obligations des grandes compagnies de chemins de fer, du Crédit foncier et de la Ville de Paris, et qui ne s’est point détournée non plus des actions des chemins et de quelques grandes entreprises industrielles, s’étendra de nouveau à d’autres catégories de valeurs. Il est incontestable que le public reviendra du discrédit injuste dans lequel sont tombées, par exemple, les titres des institutions de crédit, et d’ailleurs quelques-uns de ces titres ont déjà profité du commencement d’amélioration que l’on a vu se produire dans la situation générale. Sans doute plusieurs sociétés de crédit auront eu à subir directement ou indirectement des pertes sérieuses ; leurs dividendes pourront s’en ressentir. Il en est d’autres, au contraire, que la crise a laissées parfaitement indemnes et qui n’en ont pas moins payé un fort tribut à la baisse, entre autres le Crédit foncier, la Banque de Paris, la Banque de France elle-même, pour ne parler que des plus importantes, de celles dont le crédit n’est pas ou ne saurait être discuté. D’ailleurs la période des assemblées générales va s’ouvrir, et les actionnaires recevront d’intéressantes communications, non-seulement sur les résultats de