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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




28 février.

Maintenant que du ministère des grands projets il ne reste plus qu’un souvenir et que le cabinet né de la débâcle du 26 janvier a eu le temps de s’établir, de se faire reconnaître et accepter avec les honneurs parlementaires dus à un pouvoir nouveau, il semblerait que tout dût se simplifier. On dirait qu’il n’y a plus qu’à marcher, et par le fait, ce nouveau ministère, qui à déjà un mois d’existence, n’a pas été sûrement contrarié dans ses débuts ; ce n’est point le premier pas qui lui a coûté.

Il a bien pu avoir à essuyer la mauvaise humeur assez peu déguisée de ceux dont il a pris la place ou être salué à son avènement de quelques doutes ironiques. Il n’a eu, après tout, jusqu’ici, ni de bien vives batailles à livrer, ni de bien graves difficultés à vaincre, ni même une opposition à peu près saisissable à redouter et à tenir en respect. Il a eu, comme on dit, la partie belle, et c’est tout au plus si, par une série de petites interpellations ou d’escarmouches à propos de questions peu sérieuses, peu précises, on lui a offert l’occasion de se dessiner, d’entrer dans son rôle de gouvernement. On a voulu savoir du ministère quelle suite il entendait donner au projet de révision constitutionnelle, et M. le président du conseil, devant une chambre embarrassée de ce qu’elle avait voté, a expliqué avec beaucoup de dextérité qu’on verrait plus tard, que la révision viendrait à son heure, qu’il s’agissait justement de savoir ce que la majorité républicaine elle-même avait voulu, ce qu’elle voulait encore. M. de Freycinet a parlé de manière à se délivrer pour le moment d’une affaire