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Recettes Dépenses Déficit
1866 617,131,071 l,338,578,250 721,447,179
1867 714,453,756 928,600,641 214,146,884
1868 768,557,777 l,014,354,438 215,796,650
1869 870,693,802 1,019,567,574 148,874,l 72
1870 865,980,244 1,080,747,118 214,766,874

Ainsi, pendant cette période de cinq années, malgré le supplément de recettes apporté par les nouvelles provinces, les dépenses dépassèrent les ressources d’environ 1 milliard 550 millions. Comment un pays déjà chargé de dettes fit-il face à cet énorme excédent de dépenses? En s’obérant de plus en plus, jusqu’à ce que la voie des emprunts lui fut fermée par les conditions trop onéreuses qu’il lui aurait fallu subir : en effet, la rente italienne descendit fréquemment au-dessous de 45 francs et elle tomba même, à Paris, en 1866, à 36 francs. On eut recours, sous le nom d’emprunt national, à un véritable emprunt forcé que la banque nationale a été, plus tard, chargée de rembourser au moyen de l’aliénation de rentes perpétuelles ; enfin, on multiplia les émissions de papier-monnaie inconvertible, qui atteignaient, à la fin de 1870, le chiffre de 445 millions.

Un budget présentant un déficit régulier de 20 à 25 pour 100, une dette en accroissement constant, un crédit avili, l’émigration des métaux précieux et l’augmentation continuelle du papier-monnaie à cours forcé : voilà donc quelle était la situation financière de l’Italie. On en pouvait difficilement imaginer une qui fût plus déplorable. Comment l’Italie en est-elle sortie? Par l’économie en premier lieu : par une économie qui pourrait être qualifiée de sordide si elle était pratiquée par une nation riche et prospère, mais qui empruntait à la situation de l’Italie le caractère d’une généreuse et patriotique abnégation. Les dépenses indispensables furent rigoureusement réduites à leur minimum ; beaucoup de dépenses nécessaires, comme le renouvellement du matériel de la marine et de l’armée, furent ajournées ; tous les services publics furent mis à la portion congrue, et les traitemens des fonctionnaires fixés à des taux invraisemblables, que réduisirent encore le paiement en papier-monnaie et la retenue opérée à titre d’impôt sur le revenu. En même temps qu’on s’attachait à contenir la dépense dans les limites les plus restreintes, on cherchait à développer les recettes. On allait au plus pressé, qui était de trouver de l’argent, et dans l’établissement des nouveaux impôts que chaque budget voyait éclore, on n’avait nul égard aux critiques plus ou moins fondées que les économistes de profession pouvaient élever contre eux. En même temps que des droits de sortie frappèrent l’exportation des