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la ligueur de cette symétrie, et dans l’aspect ’général il règne comme une sorte de balancement rythmé par un art plus souple et plus savant. La pondération des masses, tout en étant aussi parfaite, est réalisée par des moyens moins apparens et comporte plus d’aisance et d’abandon. Aussi, pour ce fronton, les essais de restauration, prêtant moins à l’erreur, étaient également rendus plus faciles, certaines portions de figure se trouvant le plus souvent engagées dans le bloc de la figure qui la précède ou qui la suit.

D’autre part, si, laissant de côté les procédés de composition, nous observons maintenant l’exécution même des figures pour y chercher la trace de la personnalité des deux sculpteurs, nous sommes forcé de reconnaître que l’originalité de chacun d’eux n’y apparaît pas d’une manière bien sensible. Ni dans l’un ni dans l’autre des frontons nous ne trouvons ce caractère d’unité qui se marque dans les créations d’un même artiste. Dans chacun d’eux, au contraire, éclatent des dissemblances profondes, portant à la fois sur le style des statues, sur l’inégalité de leur mérite et même sur le degré d’avancement auquel le travail a été poussé. En regard de figures qui ont la beauté et l’ampleur de la maturité de l’art grec, en voici d’autres, en effet, qui, bien qu’appartenant au même tympan, nous offrent la gaucherie, la raideur des attitudes, la régularité systématique des plis et enfin la monotonie d’expression des visages qui caractérisent l’archaïsme des époques antérieures. Bien plus, à ces différences de style et d’exécution se joignent celles qui viennent d’un travail incomplet et tout à fait insuffisant, certains fragmens étant demeurés à peine dégrossis. Si quelque trace de la supériorité de composition que nous avons notée dans le fronton d’Alcamène se remarque également dans son exécution, s’il contient aussi les meilleures figures, — par exemple, celles des femmes qui se pressent vers Apollon pour implorer son assistance, et surtout celle de cette jeune fille qui, de ses deux mains, cherche à se dégager de l’étreinte du centaure qui l’a saisie et lutte avec une énergie qui fait mieux paraître encore la chaste noblesse de son visage et la beauté de son corps, — à côté de celles-ci, d’autres, d’un style bien différent, nous offrent les mêmes négligences et les mêmes inégalités que nous avons constatées dans l’œuvre de Pæonios.

Ces inégalités flagrantes avaient bien pu échapper à l’attention dans le premier moment d’enthousiasme que les découvertes d’Olympie soulevèrent en Allemagne ; mais aujourd’hui artistes et archéologues sont presque unanimes à les reconnaître, et il nous semble difficile de se soustraire à l’évidence des conclusions qu’elles suggèrent. Il est généralement admis désormais que la collaboration effective d’Alcamène et de Pæonios se réduit à peu de chose dans l’exécution des statues du temple, exécution à laquelle ils n’ont peut-être