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les circonstances, ne paraîtra peut-être pas tout à fait dépourvue d’intérêt.

La ville de New-York, étant comprise tout entière dans une presqu’île resserrée entre l’Hudson et un bras de mer, qu’on appelle l’East-River, a plus de 16 milles en longueur (le mille est de 1,609 mètres), tandis que dans sa plus grande largeur elle n’en compte que 4 et le plus généralement 3, le problème était donc de transporter rapidement les voyageurs dans le sens de la longueur, les nombreux tramways qui croisent la ville assurant pleinement les communications dans le sens de la largeur. Les Américains ont résolu ce problème de la manière la plus simple, au lieu d’enfouir leur chemin de fer sous terre, ils le font passer en l’air, sur des piliers en fer qui se terminent en fourche et qui sont reliés les uns aux autres par des poutrelles de même métal. Le chemin de fer suit ainsi les rues ou plutôt les avenues qui sont toujours dans le sens de la longueur. Lorsque l’avenue est étroite, les deux voies sont juxtaposées et se solidifient l’une par l’autre. Au contraire, lorsqu’elle est large, chaque voie suit à peu près le trottoir reposant sur un seul pilier et passant environ à la hauteur du premier étage des maisons. Les wagons articulés tournent presque à angle droit lorsque le chemin de fer emprunte une rue pour passer d’une avenue dans une autre. Il y a environ trois stations par mille; le prix du trajet est uniformément fixé à 10 cents (cinquante centimes), ce qui facilite singulièrement la distribution des billets et permet à chacun suivant ses convenances de modifier son itinéraire en route. Les trains vont à l’allure d’environ 12 milles à l’heure ; comme ils ne sont jamais composés que d’un petit nombre de wagons et qu’il n’est pas possible d’en rajouter, le public s’entasse au besoin dans les grandes voitures dont les sièges sont disposés dans le sens de la longueur et se tient debout dans le couloir. Personne ne songe à se plaindre. Tel qui est debout aujourd’hui sait qu’il sera assis demain. Il est impossible de trouver une solution plus simple, plus économique au problème des chemins de fer métropolitains, et depuis trois ans que ce système fonctionne à New-York, il n’a donné lieu à aucun accident.

Pourquoi aujourd’hui qu’on parle d’établir un chemin de fer métropolitain à Paris n’adopterait-on pas ce système? Quel service De rendrait pas à la population un chemin aérien de cette nature qui, partant de la gare du Nord par le boulevard Magenta, descendrait les boulevards de Strasbourg et de Sébastopol jusqu’aux halles, traverserait la Seine au Pont-Neuf, rejoindrait la Croix-Rouge par les quais et la rue de Rennes, passerait derrière les Invalides après avoir suivi la rue de Sèvres, descendrait l’avenue Bosquet, passerait la Seine au pont de l’Alma, et après avoir contourné