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Ces divers monumens n’appartiennent-ils pas de plein droit aux beaux-arts? Plusieurs bâtimens, il est vrai, n’ont aucun rapport avec les beaux-arts: tels les écoles vétérinaires, les dépôts d’étalons, le Muséum d’histoire naturelle, l’école de Grignon, la maison de Charenton, la cour de cassation. Devait-on pour cela scinder le service des bâtimens civils, donner aux beaux-arts l’entretien et la surveillance de tous les édifices ayant un caractère d’art déterminé et laisser aux travaux publics les bâtimens ayant seulement une destination pratique? C’était désorganiser ce service, en détruire l’unité de vues et d’action. D’ailleurs, on peut sans sophisme prétendre que toute construction est du ressort des beaux-arts, puisque c’est une œuvre d’architecture.

Pour les édifices diocésains, la raison voulait aussi que le service en fût transféré au département des beaux-arts. Avant le décret du 14 novembre, — c’est à n’y pas croire, — des cathédrales comme celles de Paris, de Reims, de Rouen, de Bayeux, bien que classées parmi les monumens historiques, ne relevaient, pour les travaux d’entretien et de réparation, ni de la surveillance ni du contrôle de la commission des monumens historiques. Il n’y a qu’à regretter que le décret n’ait pas affecté aux beaux-arts, avec les édifices diocésains, les édifices paroissiaux, dont un grand nombre sont des monumens historiques. L’enseignement obligatoire du dessin, créé par M. Bardoux dans tous les établissemens scolaires, dépendait, professeurs et inspecteurs, du ministère de l’instruction publique. Le décret du 14 novembre laisse au grand-maître de l’Université la nomination des professeurs, tout en attribuant au ministre des arts la surveillance et l’inspection de l’enseignement. Il semble d’abord qu’on aurait pu donner au département des arts l’enseignement entier du dessin. Mais on conçoit aisément les considérations de discipline intérieure qui s’y sont opposées. Des difficultés, des froissemens étaient à redouter entre des professeurs nommés par un ministre et placés sous l’autorité immédiate de fonctionnaires supérieurs nommés par un autre ministre.

La partie du décret du 14 novembre qui paraît le moins inattaquable est l’attribution au ministre des arts de l’enseignement technique dépendant jusqu’ici du ministère de l’agriculture et du commerce et comprenant le Conservatoire et les écoles d’arts et métiers, les comités des arts et manufactures. Que les écoles et manufactures d’art industriel et d’art décoratif soient rattachées au département des arts, cela est fort logique. Mais quels rapports secrets existent entre l’art et la mécanique, la filature, le tissage, la chaudronnerie, la construction des machines, la chimie agricole, la tenue des livres? quelle compétence auront les inspecteurs des beaux-ans pour juger l’enseignement donné à l’École d’horlogerie de Cluses ou à l’École